Attirés par la baisse des prix, les consommateurs achètent des produits avariés et impropres à la consommation. Les points de vente informels mis en place de manière improvisée et anarchique par de pseudo-commerçants s'autoproclament désormais espaces commerciaux aux bas prix. D'aucuns reconnaissent que les tarifs pratiqués dans ces zones "libérées" demeurent à la portée de toutes les bourses. Les prix accessibles à toutes les catégories de consommateurs constituent ainsi un argument de vente et un motif d'achat. Ce sont des lieux où les intérêts de l'acheteur et du vendeur se convergent loin de l'"impertinence" et des autres tracasseries des services de sécurité, souvent dépassées par les événements. Qu'à cela ne tienne, s'est-on un jour interrogé sur la qualité et les conditions d'hygiène dans lesquelles sont vendus ces produits alimentaires ? La réponse à cette question se trouve dans les milliers cas d'intoxication déplorés chaque année dans diverses wilayas. Une partie considérable des cas signalés avoue avoir consommé des denrées alimentaires périmées, exposées en plein air dans des endroits illicites. Si l'on se fie aux chiffres avancés par les commerçants de l'Ugcaa, plus de 50 000 tonnes de produits périmés sont commercialisés annuellement. Ce qui équivaut à 1,5 kg de produits alimentaires consommés/citoyen/an. Dans ces emplacements interdits, l'on trouve une gamme variée de produits de large consommation exposés à même le sol, au soleil et à la poussière. Après les gâteaux spécial Ramadhan, le pain, les composants de gâteaux, les œufs, c'est au tour de la viande d'investir les lieux. Ces points de vente florissants sont alimentés par des commerçants légalement installés qui, à l'approche de la date de péremption d'un de leurs produits, les refilent à ces revendeurs en leur proposant une baisse des prix de 10, voire de 20 DA/produit. Cette astuce à laquelle ont recouru des commerçants épris de l'appétit mercantiliste suscite l'intérêt des marchands occasionnels et fait émerger un commerce informel qui, malheureusement, continue d'attirer des familles entières. Par un tel comportement, ces consommateurs, à la recherche du plus bas prix, font développer ces marchés parallèles. Au lieu de jeter les denrées périmées ou avariées, ces commerçants préfèrent les "recycler" et amortir leur investissement à travers les circuits informels, loin de tout contrôle de la qualité et de l'hygiène. L'union a, par ailleurs, précisé que plus de 90% des produits contrefaits et périmés vendus en Algérie sont importés. Les vendeurs à la sauvette replacent les étiquettes portant la mention de péremption par de récentes dates, et le produit se procure, par conséquent, une seconde vie. Considérant que ces marchés font nourrir des milliers de familles, les pouvoirs publics ferment les yeux sur ces activités illégales dans l'espoir de voir un jour ces marchands indélicats et opportunistes suivre la voie de la légalité, une fois les conditions d'exercice davantage facilitées. Ni les brigades de contrôle contre les fraudes commerciales ni les services de sécurité n'ont réussi à éradiquer ce phénomène de vente de produits impropres à la consommation, surtout durant le mois de Ramadhan. Face à une telle situation, le rôle des autorités locales, notamment les APC, dotées de services d'hygiène et de santé publique, est primordial. Les missions de contrôle des services douaniers doivent être également considérées comme le maillon fort de la chaîne. Ils sont appelés à doubler leurs efforts afin de multiplier les saisies de produits avariés. Car il y aura forcément des trafiquants qui passent à travers les mailles du filet et arrivent à placer leurs marchandises impropres à la consommation, portant atteinte à la santé de millions d'Algériens. B. K.