Résumé : Ibtissem accepte d'accompagner son amie à une fête nocturne. Celle-ci veut la présenter à un ami. Mais avant, elle doit avoir l'autorisation de ses parents. Si son père se fait mener par le bout du nez, ce n'est pas le cas de sa mère... -Maman, je ne sortirai rien que pour cette fête, lui promet Ibtissem. Et je rentrerai avant minuit ! -Je refuse ! Pour qui te prends-tu pour te rendre en discothèque ? s'écrie Yamina. Une fille de bonne famille ne songerait pas à sortir la nuit ! Quand tu te marieras, personne ne pourra te retenir... Mais tant que tu es ma fille et que tu vis sous mon toit, inutile d'espérer une sortie nocturne ! Comme du temps où elle était enfant, Ibtissem ne se met pas à pleurer quand on lui refuse ce qu'elle veut. Elle se met à crier et à casser ce qu'il y a à portée de main. Plusieurs bibelots sont sacrifiés contre le mur pour ce premier éclat de colère. -Hacène ! Hacène !, appelle Yamina. Viens donc raisonner ta fille... Elle veut sortir demain soir et ne rentrer qu'au matin ! -Pourquoi tout ce tapage et ameuter les voisins ? s'écrie son mari. Toutes les filles maintenant sortent s'amuser ! Elle peut très bien le faire de temps à autre... Une fois par mois ! Yamina se laisse tomber dans un fauteuil, une main appuyée sur le cœur. Le visage blême, elle s'en prend à son mari. Elle aurait voulu qu'il appuie ses dires, au moins pour une fois. Qui sait sur qui Ibtissem tombera ? Si elle ne tombe pas sur des gens malintentionnés, ce sera un miracle ! -Inutile de te rendre malade, dit Ibtissem. Car rien ne pourra me retenir... Je pars avec Fella ! -Hacène ! Cette Fella est une débauchée ! Notre fille est tombée sur la pire des garces... Que va-t-il advenir d'elle si elle continue à la fréquenter ? Si tu continues à tout lui autoriser... -Ce que tu peux être étouffante !, s'écrie Ibtissem. Tu m'ennuies à la fin ! S'il en sera toujours ainsi à l'avenir, j'irai m'installer à la cité de jeunes filles ! Pour que la menace fasse un peu plus d'effet, elle sort de la maison et reste absente près d'une heure. Yamina en profite pour reprocher à son mari son laxisme. Depuis toujours, le moindre désir de leur fille est à ses yeux un ordre indiscutable. -Comment peux-tu être aussi inconscient Hacène ? Ibtissem est sur la mauvaise voie et tu ne fais rien pour empêcher la catastrophe ! -Tant qu'elle aura tout ce qu'elle veut, elle ne nous quittera pas, répond Hacène. Elle a toujours eu ce qu'elle voulait, avec ou sans consentement... Pourquoi provoquer un conflit où on serait les seuls perdants ? -Depuis qu'elle fréquente cette Fella, je ne la reconnais plus... Elle voit plus haut et plus grand alors qu'elle n'est qu'une étudiante et aussi issue d'une famille modeste... On n'a qu'une pension de retraite pour subvenir à tous ses besoins ! Si Yamina connaissait toutes les personnes que fréquente sa fille, elle aurait pu être rassurée. Mais elle ne les connaît pas. Depuis qu'Ibtissem fréquentait Fella, elle n'a plus de droit de regard sur sa vie. La jeune étudiante était devenue imperméable à ses conseils. Et s'il lui arrive quelque chose, elle en mourrait de chagrin. Sa fille est l'unique trésor qu'elle possède en ce bas monde. Si elle l'entoure d'attentions et si elle se montre parfois un peu dure, c'est pour lui éviter de souffrir. Elle l'aime à un point où Ibtissem ne pourra jamais l'imaginer. -Si elle ne m'écoute plus, c'est de ta faute, reproche-t-elle à son mari. Elle a toujours trouvé un appui chez toi... Vois le résultat ! -Yamina, si je me montre tolérant avec elle, c'est pour ne pas la perdre... Nous avons eu la mauvaise idée de la gâter... Aujourd'hui, si nous allons contre ses volontés, nous risquons de la voir partir pour de bon... Tu sais que rien ne l'arrête quand elle veut quelque chose ! Le retour de leur fille ne leur permet pas de poursuivre la conversation. Ibtissem est allée chez la voisine du dessous pour lui emprunter une robe. Ibtissem la montre à sa mère qui s'écrie : -Autant partir en sous-vêtements ! Elle ne cachera rien de ton corps... Pourquoi ne pas porter un jean ? -En discothèque, il fait chaud... Très chaud même, répond Ibtissem. Tu n'aurais pas un bijou qui pourrait aller avec ? -Non... Ibtissem, cette robe est indécente pour une fille de bonne famille, insiste Yamina, mais elle doit abandonner la partie. Son mari approuve tout ce qui vient de leur fille. Il ne trouve rien à redire sur la mini-robe, très décolletée, sur cette première sortie nocturne. Il sait mieux que quiconque qu'à la moindre contrariété, elle pourrait prendre de graves décisions et qu'elle ne reviendrait jamais là-dessus, même si elle a à le regretter. Elle est trop obstinée et trop têtue pour reconnaître ses erreurs. En son for intérieur, il prie pour qu'il n'ait jamais à regretter l'éducation qu'il lui a donnée. Il ne se pardonnera jamais d'être la raison de sa perte... (À suivre) A. K.