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Dialogue interlibyen : les limites de la démarche onusienne Les blocages politiques et l'aggravation des violences armées menacent la Libye de partition
La Libye va droit vers la scission si les parties en conflit, depuis quatre ans, ne trouvent pas un terrain d'entente d'ici quelques semaines. L'envoyé spécial des Nations unies en Libye, Bernardino Leon, va-t-il revoir sa copie ou garder le cap, après son échec la semaine dernière à faire adopter sa dernière proposition d'accord au Congrès général national (CGN), le Parlement parallèle de Tripoli, non reconnu par la communauté internationale ? Le CGN a rejeté le document onusien, sous prétexte "qu'il n'est pas satisfaisant en l'état", comme l'a indiqué son porte-parole, Omar Hamdan. Mais Bernardino Leon soutient que sa dernière mouture n'est valable que pour une période limitée, afin de pouvoir former un gouvernement d'union nationale qui se chargera d'organiser de nouvelles élections, selon les règles fixées par la nouvelle Constitution, en cours d'élaboration. Ces assurances sont pourtant loin de gagner la confiance de l'ensemble des acteurs de la crise libyenne, y compris chez les membres du Parlement de Tobrouk, internationalement reconnu. Ce qui n'est pas pour lui faciliter la tâche face à des Libyens divisés plus que jamais sur un projet politique capable de sauvegarder l'unité territoriale d'un pays sur la voie de la scission. Car, outre le conflit opposant les deux Parlements parallèles sur le projet onusien de sortie de crise, d'autres divisions minent une Libye dominée aussi par l'esprit tribal. Effectivement, même si l'envoyé spécial de l'ONU a pris en considération tout ces paramètres, en engageant plusieurs dialogues parallèles, cela ne lui garantit malheureusement pas la réussite du processus de paix. Bernardino Leon pourrait gagner sa bataille en amenant le Parlement de Tripoli et celui de Tobrouk à signer son "Protocole d'accord", en maintenant la pression sur les deux parties. Mais ces deux Parlements n'ont aucun pouvoir sur les chefs de tribus qui disposent, chacune, de milices qui sont souvent hors de contrôle et agissent au gré des intérêts du moment. Le partage des ressources naturelles (pétrole, gaz, etc.) est au cœur de ces divisions et luttes qui s'expriment, depuis la chute de l'ancien régime de Kadhafi fin 2011. Cela explique, en partie, la multiplication des milices qu'aucune partie n'a réussi à convaincre de déposer les armes et à participer au dialogue politique, considéré comme l'unique solution au problème libyen. Ce pourquoi des cadres politiques libyens auraient déjà commencé à étudier une autre voie politique pour éviter à leur pays la scission. En effet, des cadres libyens sont en train d'étudier l'option d'un Etat fédérale, dans le respect de la composante sociale et tribale, en raison de l'impasse à laquelle a abouti le dialogue politique interlibyen, parrainé par l'ONU. Mais aucun acteur n'ose, pour le moment, évoquer une telle possibilité, dans un contexte sécuritaire marqué par l'entrée en jeu de l'organisation terroriste de l'Etat islamique (Ei/Daech). L'implantation de Daech en Libye est une menace pour tous les Libyens qui sont impliqués dans le processus de paix onusien. Mais sauront-ils dépasser leurs rivalités politiques et faire front commun contre Daech ? L. M.