Jeudi soir, vers 22h30, Kamel-Eddine Fekhar, l'emblématique figure mozabite de Ghardaïa, a été arrêté par les forces de police, avons-nous constaté sur place. C'était à la sortie de la salle de prière de son association culturelle, au quartier dit Râi, situé derrière la place du marché mythique de Ghardaïa. Une vingtaine de personnes qui l'accompagnaient ont été également arrêtées. Auparavant, un mandat d'arrêt avait été lancé, jeudi matin, contre Kamel-Eddine Fekhar. Dans la ville, la communauté mozabite a fait part de son indignation et considère que le conflit à Ghardaïa ne réside pas en la personne de Fekhar. "Il y a eu un carnage à Guerrara, et c'est Kamel Fekhar qu'on arrête à Ghardaïa. Il n'a même pas un pied-à-terre là-bas. Mais ce n'est que maintenant que nous comprenons pourquoi Abdelmalek Sellal a évoqué le MAK lors de sa rencontre avec les notables. L'Etat veut visiblement minimiser et banaliser un carnage en lui faisant porter le chapeau. C'est une forme de diversion sur les raisons réelles qui poussent au pourrissement dans la région", s'indigne Slimane El-Alouani, élu APW indépendant et fonctionnaire dans les finances à Ghardaïa. Parallèlement, Dadi Nounou, membre du Comité de coordination et de suivi des Mozabites (CCS), se demande pourquoi les extrémistes de la communauté châambie ne sont point inquiétés. Il cite Ahmed Chahma, imam et formateur à Dar el-Imam de Mohammadia, à Alger. "Après avoir été suspendu, il vient d'être réintégré dans l'institution des affaires religieuses. Il a fait un discours en mars 2014, dans une mosquée à Ghardaïa, pour appeler au jihad contre la communauté mozabite. Il a qualifié les Ibadites d'ennemis de Dieu. Il y a aussi Bouâmer Bouhafs, le président de la fondation des Châambas qui prône le même discours de violence. Celui-là aussi n'a jamais été inquiété", proteste-t-il, tout en citant une page facebook au nom de "Malékites News" où les plans d'attaque sont lancés avant leur exécution. Selon lui, les auteurs de ces appels au meurtre n'ont jamais été arrêtés. À Guerrara, la population a été carrément surprise par l'arrestation de Kamel Fekhar. "Il n'a aucune popularité chez nous. J'espère qu'on ne va pas lui coller les 18 meurtres de notre localité car des armes de guerre ont été utilisés", assure Hamou Oujana, un membre actif de la société civile à Guerrara. M. M.