Le qelbellouz, qui tire son origine de l'art culinaire de l'Empire ottoman, est une douceur au miel farcie aux amandes. Le carré de sucrerie ambitionnait, dit-on, à redonner de la vitalité aux troupes de Janissaires à l'époque de l'Alger turque, après le coup de canon annonçant la rupture du jeûne. Le qelbellouz est prisé à El-Bahia (la Radieuse) et à l'est de l'Algérie profonde sous les appellations de chemia et de h'rissa. Néanmoins, une mise en garde s'impose du fait qu'il ne faut pas confondre le qelbellouz avec la h'rissa épicée qui occasionne tant de dégâts au palais et à l'estomac. Présent en carrés à Alger ou au kilogramme à Oran. La saveur du qelbellouz a traversé les siècles et des générations de gourmands, sans prendre une seule ride à la face... sublime, comme la porte de l'Empire ottoman. Seulement, si la face cuivrée est trempée de charbate, en revanche le qelb (cœur) s'en trouve frelaté d'une... farce de mauvais goût. Crime de lèse-majesté ! Les cacahuètes, ces intruses, se sont approprié le cœur d'une... douceur exquise, qui, mahchi ou pas mahchi, tient le haut de l'affiche au prix qui oscille entre 50 et 60 DA. Seulement, ce n'est pas le prix qui pose problème, mais la toute nouvelle propension du qelbellouz à tourner du goût. Du qelbellouz rassis ? Du jamais vu de mémoire de fin gourmet ! Du fait que le qelbellouz a tendance à devenir davantage délicieux à mesure que le temps passe. Mais peut-être bien qu'il y a conservateur sous la farce qui ne fait pas rire le jeûneur, ce dindon de la farce. Vous avez dit farci ? L. N.