Ils étaient des dizaines de personnes à prendre part, dimanche soir, au rassemblement auquel avait appelé le comité de solidarité avec la région du M'zab, qui regroupe le Comité de solidarité avec les travailleurs, la Ligue algérienne des droits de l'Homme, le Comité vigilance et résistance, l'Association des familles des victimes d'Octobre 1988, le Café littéraire de Béjaïa et les partis politiques (MDS, FFS, RCD, Jil Jadid, PST). La place de la liberté d'expression Saïd-Mekbel était éclairée par des dizaines de bougies où, en plus des militants politiques, associatifs et des syndicalistes, il y avait des représentants de la communauté mozabite de Béjaïa et des citoyens lambda. Et même, peu nombreuses certes, les femmes y ont participé. Les acteurs politiques et sociaux se sont ensuite relayés au micro pour dire leur soutien à la région du M'zab. Les intervenants ont interpellé les autorités afin de trouver une solution au drame des communautés mozabite et chaâmbie. S'adressant aux autorités du pays : "Vous vous targuez de régler des conflits en Afrique subsaharienne, mais vous êtes incapables de trouver une solution dans votre propre pays." On a rappelé le combat des chômeurs d'Ouargla, des habitants d'In-Salah et depuis deux ans le drame vécu à Ghardaïa. Mais beaucoup ont évoqué les tragiques événements de Kabylie d'avril 2001 avec ses 126 morts et plus de 2 000 blessés. Les animateurs du Manifeste pour la reconnaissance constitutionnelle d'un statut politique particulier de la Kabylie ont rendu publique une déclaration dans laquelle ils expliquent que le vivre-ensemble, qui a caractérisé la vallée du M'zab depuis des siècles, est aujourd'hui remis en cause. Les appels lancés pour rétablir la paix sont restés sans écho et les tentatives de conciliation se sont avérées inefficaces devant les provocations et les manipulations des forces obscures, qui tirent profit des affrontements. Et de dénoncer certaines déclarations "de porter de manière consciente ou inconsciente, le conflit sur le terrain strictement religieux est dangereux et peut décupler d'une manière inimaginable le niveau de violence. L'idéologie salafiste, prolongement de la doctrine wahhabite, exploitera ce glissement de manière certaine, avec les appuis des pétrodollars, pour installer le conflit sur un terrain où il serait impossible d'envisager une voie de sortie". Plus encore, "s'il faut chercher la main étrangère qui cherche à déstabiliser la vallée du M'zab, il faut orienter le curseur vers ceux qui ne cessent de lancer des appels au meurtre au nom d'une conception rétrograde de l'islam, et non pas accuser des militants attachés aux valeurs des droits de l'Homme qui se mobilisent pour exprimer leur solidarité avec la communauté mozabite". La solution préconisée : le débat démocratique à même de restituer la voix à ceux qui vivent la réalité des événements. Un autre rassemblement de soutien au M'zab a eu lieu, hier, à Tizi Ouzou. Il a été organisé a l'appel du MAK, et auquel ont pris part des militants du Congrès mondial amazigh (CMA) et du RCD. Boussad Boudiaf, ex-député du RCD, avait exprimé son soutien indéfectible à la population du M'zab : "Notre présence est indispensable. Il fallait que la Kabylie s'exprime sur ce point." Selon lui, la solidarité commence par nous mêmes avant de faire appel à la solidarité internationale. "Comment peut-on faire appel à la solidarité internationale, lorsqu'on n'est pas solidaires entre nous-mêmes. Ces actions sont indispensables pour une conscience régionale, pour plus de conscience humaine, ce qui est légitime. Et puis devant le déni, la hogra et le mépris, les gens doivent bouger", a-t-il martelé. De son côté, le président du MAK, Bouaziz Aït Chebib, a souligné que "ce qui est vécu actuellement par la vallée du M'zab a été aussi vécu par la Kabylie en 2001. Le pouvoir veut encore mener la Kabylie vers la violence pour justifier la répression". Durant tout le long de ce rassemblent organisé sous une chaleur torride, les manifestants ont exhibé des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : "La Kabylie solidaire avec le peuple mozabite" ; "Halte au génocide du peuple mozabite" ; ou encore "Halte au massacre du peuple amazigh du M'zab"... M. Ouyougoute/K. Tighilt