Trente-cinq personnes arrêtées par les services de sécurité lors des affrontements intercommunautaires qui ont secoué ces derniers jours la vallée du M'zab défileront aujourd'hui, mardi, à partir de 9h du matin, devant le juge du tribunal de Ghardaïa. Selon Hamou Mosbah, membre du comité de coordination et de suivi des Mozabites (CCS), ils comparaîtront pour le chef d'inculpation "regroupement armé et port d'armes blanches". Sur les 35 prévenus, 20 individus (12 chaâmbas et 8 Mozabites) ont été neutralisés dans la localité de Guerrara, à 120 km au nord-est du chef lieu de wilaya. Rappelons que sur les 23 morts qu'a connus la région de Ghardaïa depuis la reprise des violences, la daïra de Guerrara a enregistré à elle seule 19 victimes dans les affrontements de la nuit de mardi à mercredi dernier. La même source précise également que sur les 15 autres accusés, 5 (Mozabites) sont du K'sar Mélika, 3 (Mozabites) sont de Bounoura, et 7 (Chaâmbas) sont des deux quartiers Mermed et Sidi Abaz. Pour les personnes arrêtées à Berriane, notre interlocuteur souligne que le nombre et le jour de leur comparution n'ont pas encore été communiqués au CCS. S'agissant du cas de Kamel-Eddine Fekhar, objet de vives inquiétudes, et de ses 26 compagnons, arrêtés jeudi soir, ils sont toujours détenus à la sureté de wilaya de Ghardaïa. "Ils ont été séparés en deux groupes. Ceux qui figuraient dans le mandât d'arrêt avec Kamel-Eddine Fekhar et ceux qui ont été surpris avec eux le soir de l'arrestation", explique Hamou Mosbah, qui fait savoir que quatre mineurs et un handicapé parmi eux ont été relâchés provisoirement. Ils seront eux aussi jugés avec les autres le moment venu. Lors d'un point de presse à Ghardaia, le procureur de la République près le tribunal de Ghardaïa, Menguelati Hussein, a assuré que le prévenu a été traité de la même manière que ses codétenus, démentant ce qu'il a qualifié d'allégations concernant la privation des droits légaux de ce prévenu, interpellé pour son implication présumée dans les événements qu'a connus la région de Ghardaïa. Le représentant du ministère public a expliqué que l'arrestation de M. Fekhar a été effectuée dans "la légalité et il est traité conformément à la loi en vigueur". Il a indiqué que le prévenu a "reçu la visite des membres de sa famille et s'est entretenu au téléphone avec son épouse, sa fille et sa mère". Pour rappel, l'arrestation de Kamel-Eddine Fekhar et de ses compagnons a coïncidé avec la visite du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, jeudi dernier, à Ghardaïa. Le soir même, à 22h30, ils ont été embarqués par la police, à la sortie de la salle de prière d'une association culturelle, au quartier dit Râi, situé derrière la place du marché mythique de Ghardaïa. Dans la ville, la communauté mozabite avait fait part de son indignation et a considéré que le conflit à Ghardaïa ne réside pas en la personne de Kamel-Eddine Fekhar. "Il y a eu un carnage à Guerrara, et c'est Kamel-Eddine Fekhar qu'on arrête à Ghardaïa." Le procureur de la République a ajouté que les interpellations de personnes présumées impliquées dans les derniers événements douloureux qu'a connus la wilaya de Ghardaïa interviennent "conformément aux lois de la République" et font suite à une enquête judiciaire. M. M.