C'est une Louisa Hanoune très loquace qui s'est présentée hier devant les journalistes pour, notamment, présenter les conclusions de la mission dépêchée par son parti dans la vallée du M'zab. Les sanglants évènements qu'a connus Ghardaïa tout récemment ont donc offert à la secrétaire générale du Parti des travailleurs l'occasion de s'étaler sur un sujet qu'elle qualifie d'"extrêmement grave, mettant en danger l'unité du pays". Dans une très longue déclaration liminaire, Mme Hanoune n'a pas hésité à mettre en exergue la responsabilité totale de l'Etat dans cette crise qui, tient-elle à préciser, a pris des proportions qui a surpris y compris les protagonistes mozabites et malékites. La mission effectuée par deux responsables de la direction nationale du PT, en l'occurrence les députés Djelloul Djoudi et Ramdhane Taâzibt, dans la wilaya de Ghardaïa a permis, selon Mme Hanoune, à son parti de comprendre ce qui s'y passe et de faire un diagnostic objectif de la situation. "On a frôle la catastrophe", assure, quant à lui, Ramdhane Taâzibt qui s'interroge sur "l'existence, comme lors des évènements de Kabylie en 2001, d'un troisième acteur qu'il est difficile d'identifier et qui tend à attiser le feu de la discorde". "Les représentants des deux parties en conflit, les Mozabites et les Malékites, ont exprimé des craintes quant à l'ampleur et la tournure prise par les évènements. Il y a quelque chose d'insaisissable dans ce qui s'est passé", renchérit Djeloul Djoudi. Reprenant la parole, Louisa Hanoune abonde dans le même sens. "La région de Ghardaïa a connu plusieurs crises dans le passé. Mais, cette fois-ci, c'est l'unité du pays qui est ciblée. Il s'agit d'un avertissement sérieux. C'est un véritable signal d'alarme", explique-t-elle, estimant que "l'Algérie n'est pas immunisée contre les dangers venant de l'étranger, même si tout le monde a pris conscience de la gravité de la situation". Louisa Hanoune pointe des "forces centrifuges au sein du pouvoir qui œuvreraient à déstabiliser l'Etat comme elles l'avaient fait en 2001 avec les évènements de Kabylie". La dernière sortie médiatique d'Ahmed Ouyahia dans laquelle il avait défendu l'oligarchie a constitué pour la SG du PT une bonne opportunité pour rebondir sur le sujet et mettre en garde le gouvernement contre toute largesse qu'il serait tenté de lui offrir à travers notamment la couverture des prêts que les industriels contracteraient à l'étranger. "C'est ainsi que la Grèce s'est effondrée", assure-t-elle. Bien évidemment, elle n'a pas caché sa stupéfaction sur la contradiction dans les déclarations du SG du RND et néanmoins directeur de cabinet de la présidence de la République. "Jamais dans aucun pays une telle déclaration n'a été faite. C'est une dérive sans précédent. On ne peut pas se taire sur le détournement de l'argent public par l'oligarchie par le biais des marchés publics", dénonce-t-elle, estimant que "le SG du RND n'a pas pris la mesure de la gravité de ses propos". H. S.