Résumé : Mordjana est heureuse d'être bientôt maman d'un enfant... Elle avait déjà pris les devants pour l'accueillir comme il se doit dans la maison. En attendant de terminer les formalités requises, elle veut présenter le petit Amir à son père... Samir ne peut se dérober à ce devoir, et consent à l'accompagner. La voix le tire de ses méditations. Mordjana s'était redressée sur son siège et suivait le manège sur la route d'un air distrait. -Facile à dire... Tentons d'abord de sortir de cet embouteillage, puis nous aviserons. Elle hausse les épaules : -Bah ! Nous pourrions arriver à n'importe quel moment dans cet orphelinat. Là-bas, les gens s'y rendent à toute heure... Je pense que c'est une bonne chose pour les enfants... Beaucoup d'entre eux sont habitués à ces visites et aux gens qui viennent régulièrement les voir... Ils sont heureux de les revoir aussi puisque la plupart des visiteurs ne viennent jamais les mains vides. Samir lui jette un regard : -Et toi ? Tu as pensé à leur apporter quelque chose aujourd'hui ? Elle sourit et lui indique de son index un grand sac qu'elle avait déposé sur le siège arrière. -Je ne vais jamais là-bas sans prendre avec moi des friandises, des vêtements, des jouets, des crayons de couleur, des cahiers de dessin etc. -Hum... Amir fera sûrement des jaloux, puisque tu le gâtes plus que les autres. -Pas vraiment... Jusqu'à ce jour, il est logé à la même enseigne. Mais, il va de soi que dans quelques jours il sera le plus heureux. Ils avaient enfin quitté l'autoroute et Samir réduit la vitesse pour entrer dans une agglomération. L'orphelinat se trouvait dans un quartier assez calme et un peu retiré de la grande ville. -Tu peux garer dans ce parking... Oh ! Tu vois comme il y a déjà beaucoup de véhicules, on dirait que tout le monde s'est donné rendez-vous aujourd'hui pour se retrouver à cet endroit. -Il y a des gens comme toi, qui pensent aux autres.... Elle hausse les épaules : -Nous devrions tous penser un peu plus aux moins chanceux et aux plus démunis dans ce monde. Samir ouvrit la portière de son véhicule pour descendre : -Allez, dépêche toi donc. Amir et les autres petits doivent t'attendre. Elle sourit : -Certainement... Tu vas le constater tout de suite d'ailleurs. Mordjana se mouvait à l'aise dans les grands couloirs qui menaient vers les bâtiments où étaient logés les enfants abandonnés par leurs familles, ou devenus orphelins par la volonté divine. -Tu vas voir, Samir... Les enfants sont adorables, et très accueillants... Samir portait le grand sac de cadeaux et de friandises et suivait docilement sa femme. Mordjana est vite repérée par une responsable qui vint à sa rencontre : - Bonjour madame ! Quel plaisir de vous revoir parmi nous... Mordjana lui présente Samir : -Mon mari m'accompagne aujourd'hui. J'aimerais lui présenter le petit Amir. -Bien entendu... Vous êtes ses futurs parents adoptifs, et cet enfant devrait tout d'abord s'habituer à votre présence avant de faire partie de votre famille... C'est peut-être une simple formalité à accomplir, mais les psychologues ne cessent de nous répéter que la personnalité d'un enfant est si vulnérable qu'il faudrait toujours le préparer aux grands changements. Elle sourit et regarde Mordjana : -Pour vous madame, je crois que les dés sont jetés... Amir est toujours très heureux de vous revoir. -Moi de même... Et Samir ne sera pas du reste dans quelque temps. Au fond du couloir se trouvait une grande salle de jeu. Une grande cacophonie y régnait. Les enfants couraient dans tous les sens, se bousculaient, tombaient, se relevaient, tapaient dans leurs mains où jouaient avec ce qui se trouvait à leur portée. Quelques adultes discutaient au fond de la salle, et les monitrices tentaient tant bien que mal de calmer les petits tout en dirigeant les jeux des grands. Mordjana sourit et lance à Samir : -Tu peux déposer le sac, je vais appeler les petits un par un et leur remettre leurs cadeaux.. Le jeune homme dépose son fardeau et se tourne vers sa femme : -Ils sont bien plus nombreux que je ne le pensais... -Oui... mais ne t'inquiète pas... J'ai ce qu'il faut sous la main pour les satisfaire... Il y a des jouets pour les tout-petits, les cahiers de dessin et les couleurs pour les moins petits, et les livres pour les plus grands. J'ai aussi des bonbons et des friandises pour tout le monde. -Tu as vraiment pensé à tout. -Et comment donc ! Je suis devenue une habituée des lieux, et tous ces enfants que tu vois m'appellent "maman". Elle venait à peine de prononcer le dernier mot qu'elle entendit quelqu'un l'appeler justement : -Mama ! Mama ! Y. H. (À suivre)