Après 35 années d'absence sur la scène artistique algérienne, Djura, l'autre diva de la chanson kabyle est de retour chez elle en Algérie et plus particulièrement en Kabylie sa région natale, telle une hirondelle de retour dans son pays dans l'espoir, qu'elle garde toujours d'ailleurs, de retrouver un printemps fleuri. Engagée, Djura, de son vrai nom Djouhra Abouda, originaire d'Ifigha à Tizi Ouzou, chante son engagement pour l'émancipation de la femme, des minorités et pour la liberté d'expression. Djura anime une série de gala à travers le pays à l'initiative de l'ONCI depuis le début du mois en cours. À Tizi Ouzou, elle a animé avant-hier une soirée artistique à la maison de la culture Mouloud-Mammeri et ce présence de nombreuses familles venues écouter une voix, celle du Djura dont le son retentit de montagne en montagne pour nous emmener et nous transporter dans le temps pour revivre la Kabylie profonde à travers des siècles d'histoire mais surtout cet Achwik, qui est le chant des femmes témoin d'une liberté intérieure. "Merci de nous accueillir ici à Tizi Ouzou" dira d'emblée Djura, au grand public, avant de chantonner une chanson en hommage à la femme. "... Je ne veux pas vous voir sur les plages rongés comme des oiseaux de cartes postales, je ne veux pas vous voir avec des mouchoirs, pas de ça..." est l'extrait d'un poème lu au public et "aux frères de combat" par Djura qui avait joint à sa belle voix, à ses habits traditionnels conçus avec une touche plus moderne et ornés de bijou en argent et à la musique une chorégraphie pour former un tableau harmonieux et exceptionnel. Accompagnée d'un groupe de musiciens dont le maestro de la percussion (darbouka) Rebah Khalfa, Djura a assuré un grand show. Attirée au début de son parcours par le théâtre et le cinéma, Djouhra Abouda fonda en 1979 le groupe Djurdjura. Ce même groupe sortira plusieurs titres, dont Asirem (espoir), A Yemma (À ma mère), le Défi. En plus de sa carrière dans le cinéma, elle est auteure de deux livres Le voile du silence et La saison des narcisses à travers lesquels elle témoigne publiquement du drame qu'elle a vécu au sein de sa famille. Les deux ouvrages ont été vendus à 2 millions d'exemplaires et traduits dans plusieurs langues. Enfin elle créée en 2008 l'Opéra des cités qui est une fresque musicale qui retrace l'histoire de l'immigration sur trois génération à travers les yeux d'une petites fille venue en France à l'âge de 5 ans. K.T