La chanteuse Djura, de son vrai nom Djouhra Abouda et fondatrice de l'ancien groupe «Djurdjura», a animé, mardi en soirée, un gala artistique dans la grande salle de la maison de la Culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou. Après avoir exprimé toute sa joie de se retrouver pour la première fois face à son «admirable public» de sa région natale auquel elle adressa ses vifs remerciements, Djura, en trio avec ses deux accompagnatrices sur scène, Nabila et Nacéra, fera vibrer la salle, tout juste pleine, avec sa musique moderne mêlée à des chants traditionnels. «A ma façon, je vais vous faire un petit tour dans mon enfance…». Deux heures sans répit, de 22h à minuit, les trois belles femmes aux voix savoureuses, habillées de robes bariolées et chatoyantes en couleurs et de foulards traditionnels kabyles, ont gratifié un public reconnaissant du riche répertoire, entamé par Ay idurar n Jerjer (Ô montagnes du Djurdjura). Sous des applaudissements ininterrompus, les chanteuses, visiblement émues, répondaient par des gestes et des danses chorégraphiques, en conformité avec les musiques imprimées à chaque titre par un talentueux orchestre. Sous un air musical émouvant, Djura, à sa droite Nabila et à sa gauche Nacéra, feront envoler dans les nuages le public de cette soirée, parmi lequel une forte présence féminine, avec Taqrucht iw m-imessenda, une chanson qui narre, avec beaucoup de nostalgie, les méthodes des grands-mères kabyles lorsqu'elles barattaient le lait caillé pour en extraire le beurre tout en fabriquant du petit lait à la famille. Faisant un petit interlude, Djura portera avec elle son monde par un très beau poème du poète turc, Nazim Hikmet, incitant à aimer, sans jamais haïr ; «N'aie pas peur d'aimer ! Noir, jaune, blanc…». De nombreux Africains, notamment des conférenciers, présents sur place, ont à chaque fois bien apprécié ce qu'ils ont pu comprendre. Djura rendra hommage à Slimane Azem et Mohia en interprétant en kabyle et en français Ay afrukh ifilelles (Ô hirondelle !), Antan uvrid its awin (Voici la voie qui aboutit), puis Avava urgagh (Papa, j'ai rêvé), Ad rya umazigh, Alger la blanche tout en dédiant des morceaux de musique sans frontières à toutes les femmes, suivis de son fameux Igurdan Yidi (Les enfants avec moi). Au terme de son gala, Djura remercie tout l'orchestre qu'elle présente un à un (Arthur, Pascal, Abdenour, Latef, Olivier, avec leurs instruments respectifs, et surtout Rabah Khalfa, le magicien de la derbouka…). Le collectif recevra à la fin de symboliques cadeaux, notamment des tapis d'Aït Hichem et des bouquets de fleurs, et surtout un burnous d'une blancheur éclatante aux motifs berbères, posé sur les épaules de la diva Djura par le président de l'APW, Hocine Haroun. Ould-Ali L'hadi, le nouveau ministre de la Jeunesse, ex-directeur de wilaya de Tizi Ouzou de la culture et de la maison de la Culture Mouloud Mammeri, n'a pas manqué de faire une virée dans ces lieux, très intimes pour lui. Il assistera pendant un long moment à ce gala qui inaugure, ainsi, le 10e festival culturel arabo-africain de danses folkloriques qui durera jusqu'à demain, dimanche 9 août. Le gala s'est déroulé dans une bonne organisation des habituels techniciens et administratifs de la maison de la Culture (Sonia, Souad, Slimane, Idir…).