Mahmoud Abbas, grand favori pour la présidentielle de dimanche, a condamné lundi les tirs de roquettes palestiniennes vers Israël en poursuivant sa campagne dans la bande de Gaza, où l'accueil triomphal que lui ont réservé des activistes armés a été jugé “préoccupant” par Washington. “On m'a demandé aujourd'hui mon avis sur les attaques à la roquette et j'ai répondu que je les condamne, quel que soit leur auteur, car l'expérience a démontré qu'elles chutent la plupart du temps dans le désert ou sur nos maisons, tuant nos fils”, a déclaré M. Abbas lors d'une rencontre à Gaza avec des représentants de syndicats. “Tirer ces roquettes n'a pas d'utilité. Ces roquettes ne touchent que notre peuple et entraînent des agressions (israéliennes) et je ne m'excuserai pas”, a-t-il proclamé. M. Abbas avait appelé dimanche dernier à l'arrêt des tirs de roquettes contre Israël lors d'une visite à Jabaliya dans le nord de la bande de Gaza, près d'un secteur où l'armée israélienne menait une nouvelle opération, précisément pour faire cesser ces tirs. Dans un communiqué dont l'authenticité ne peut être établie, des groupes armés palestiniens ont critiqué lundi les déclarations de M. Abbas, les qualifiant de “coup de poignard” dans le dos de la résistance. M. Abbas a en outre implicitement rejeté des propos du secrétaire d'Etat américain Colin Powell s'inquiétant de l'accueil triomphal que lui ont récemment réservé des activistes armés d'un groupe lié au Fatah en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. “Ce sont (les activistes) nos frères et nous nous soucions d'eux”, a déclaré M. Abbas devant une assemblée de femmes. “C'est préoccupant”, avait déclaré M. Powell à la chaîne de télévision américaine NBC, commentant des images montrant M. Abbas porté samedi par des activistes membres des Brigades des martyrs d'Al-Aqsa. “Je sais, a toutefois ajouté le chef de la diplomatie américaine, que M. Abbas fait campagne. Il doit chercher à toucher toutes les composantes de la communauté palestinienne.” Le chef de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) a en outre réitéré son appel à la fin du chaos sécuritaire et au respect de la loi dans les territoires palestiniens. “Il doit y avoir une seule autorité et une même loi qui s'applique à tous. Nul n'est censé être au-dessus de la loi”, a-t-il dit. La bande de Gaza, où M. Abbas fait campagne depuis vendredi, est un bastion des radicaux du Hamas et du Jihad islamique qui boycottent la présidentielle et s'opposent à la “démilitarisation” de l'Intifada prônée par le candidat du Fatah, M. Abbas. Un sondage diffusé dimanche accorde à M. Abbas une avance de 43 points sur son plus proche rival, le candidat indépendant Moustapha Barghouthi. Par ailleurs, sept Palestiniens, dont un enfant de 11 ans, ont été tués hier par des obus de chars israéliens à Beit Lahya dans le nord de la bande de Gaza, selon des sources médicales et sécuritaires palestiniennes. Les obus se sont abattus sur une ferme. L'un des morts était un garçon de 11 ans, trois avaient 16 ans et deux autres 17 ans. L'identité de la septième victime n'était pas connue dans l'immédiat. Treize autres Palestiniens, dont des nombreux enfants, ont été blessés, quatre d'entre eux se trouvant dans un état grave. Mahmoud Abbas s'en est pris hier à l'“ennemi sioniste” après la mort des sept Palestiniens par un obus de char israélien à Beit Lahya, dans le nord de la bande de Gaza. “Nous prions pour les âmes de nos martyrs tombés aujourd'hui sous les obus de l'ennemi sioniste à Beit Lahya”, a déclaré M. Abbas lors d'un meeting électoral à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.