Iyad Ag Ghaly, le chef du groupe terroriste d'Ansar Eddine, vient de se replacer, de manière fracassante, sur le devant de la scène en revendiquant les attentats commis au Mali depuis le mois de mai dernier. Le canal demeure le même, un site mauritanien, qui a mis en ligne le communiqué d'Ag Ghaly, daté du 3 juillet, revendiquant les attentats et précisant leurs motivations. La lutte contre les "croisés" et leurs collaborateurs : les Forces armées maliennes (Fama). Des attentats commis par les deux phalanges Khaled Ben el-Walid et les frères de Macina, deux groupuscules qui opèrent pour son compte. Planqué depuis l'intervention française au nord du Mali, en janvier 2013, Ag Ghaly fera surface, symboliquement, en rencontrant exceptionnellement, un journaliste allemand de Der Spiegel, continuant ainsi à cultiver le mystère autour de sa personne et, certainement, pour garder cette image de héros charismatique qu'il s'est forgée au fil des années. Lui a-t-il d'ailleurs attribué un rôle central, après un deal, dans la libération des otages d'Areva. Il restera ainsi à l'écart de la chaotique situation du Nord pour n'apparaître que rarement à travers des messages vidéo où il promet la vengeance. Et loin aussi des attentats qui ont ciblé les forces de la Minusma et ceux récemment perpétrés contre les Fama. Un seul attentat, celui perpétré contre une unité de la garde nationale qui a fait une dizaine de morts, à Goumma-Rharous, a été revendiqué par Aqmi qui annonce ainsi son retour sur le terrain malien. Qu'est-ce qui aurait motivé ce geste d'Ag Ghaly dont le communiqué est allé jusque dans le détail chronologique des attentats qu'il revendique ? Devant le chaos régnant au Nord, les discordances entre la CMA et la Plateforme, un climat favorable au retour des groupes terroristes comme Aqmi, il est tout à fait naturel qu'Ag Ghaly se manifeste de cette manière, pour "son territoire", avec la légitimité d'être le seul leader à être resté et avoir résisté aux forces internationales. Et le droit, ainsi, de revendiquer tous les attentats, depuis le mois de mai dernier. Il se pose également comme seul chef et éventuel interlocuteur, vu sa capacité de nuisance, comme par le passé où il a servi de magnifique alibi à l'opération Serval qui aurait été déjà préparée, en essayant de prendre Bamako en partant du Nord. Jouerait-il alors le même rôle ? Pour le compte de qui ? Une chose est néanmoins sûre, le communiqué d'Ansar Eddine, outre qu'il se veut un message aux forces internationales, aux responsables politiques maliens, est surtout un avertissement pour Aqmi qui tente de reconquérir le terrain perdu en 2013. Le divorce entre les deux groupes terroristes semble ainsi consommé... D B.