Au moment où le processus de paix et de stabilité peine à prendre forme et l'accord de paix à se matérialiser sur le terrain, les groupes terroristes reprennent leurs activités non pas seulement au nord du Mali mais étendent leur territoire jusqu'au sud du pays, à la frontière ivoirienne et burkinaise. Hier matin, un groupe terroriste a attaqué le camp d'une unité de la Garde nationale, à Gourma-Rharous, à 140 de Tombouctou, faisant une dizaine de morts parmi les soldats maliens. Dans leurs premières réactions, des sources sécuritaires à Bamako avaient accusé le groupe Ansar Edine d'Iyad Ag Ghali qui avait revendiqué la récente attaque d'Aguelhok, mais la revendication de l'attentat, qui a eu lieu tôt dans la matinée d'hier, est venue d'Aqmi, par la voix de son porte-parole, le Mauritanien, Abu Edarda Echanguiti, qui évoque la mort de neuf soldats maliens et l'incendie de quatre véhicules militaires. Cette énième attaque terroriste depuis le début de l'année, avec une recrudescence depuis juin dernier, vient confirmer les craintes et les mises en garde des experts quant à un risque de redéploiement des groupes terroristes qui se sont éclipsés après l'intervention française. Même si une partie des éléments des groupes terroristes qui ont occupé pendant une année les principales villes du nord, a rejoint le sud de la Libye, d'autres se sont disséminés pour réapparaître, paradoxalement, après la signature par le gouvernement et les groupes rebelles du nord de l'accord d'engagement portant principalement sur la trêve des hostilités et sur le combat contre le terrorisme ainsi que l'accord de paix, avec des attentats sporadiques ciblant, indifféremment, l'armée malienne et les forces de la Minusma. Ce n'est donc pas un hasard que plusieurs analystes s'accordent à voir en ce regain de violence une volonté de torpiller l'accord de paix et de réinstaurer l'instabilité qui est un facteur favorable à leur survie. Une instabilité favorisée également par les reculades et la versatilité des positions des groupes militaro-politiques du Nord qui n'ont pas respecté leurs engagements sécuritaires, le respect de la trêve et la reprise des hostilités, soit entre groupes rebelles pour le contrôle de certaines villes stratégiques du Nord, ou en lançant des attaques contre les forces armées maliennes, avec des échanges d'accusations et de provocations. Le gouvernement de Bamako n'est pas, non plus, exempt de responsabilité dans la dégradation de la situation. Disposant d'un appui et d'une légitimité populaire, d'un large soutien international, le gouvernement n'arrive toujours pas à s'imposer, à prendre des décisions majeures à même de contribuer à l'améliorer. Il en sort au final de plus en plus affaibli, avec des ministres dont les actions sont souvent sujettes à des contestations ouvertes. D'où son immobilisme à un moment de fortes sollicitations internes et externes. D'autant plus que la solution strictement militaire à la crise a montré ses limites, le gouvernement tarde ou est gêné à mettre en place un véritable processus politique de sortie de crise alors qu'il dispose d'une feuille de route. En somme, un climat favorable à l'émergence des extrémismes. D. B.