L'ouverture au privé du secteur de la formation professionnelle, toutes spécialités confondues, a profité, à Annaba, beaucoup plus aux trabendistes qu'aux jeunes victimes de la déperdition du système scolaire public, en quête de formation et de diplôme pour une insertion dans la vie active. Le flou, voire le vide juridique qui a marqué, pendant des années, cette activité, a été un tremplin pour une horde d'affairistes de se greffer au secteur et d'en tirer profit et avantage de diverses natures. De 2001 à 2004, quarante-trois agréments ont été délivrés dans la wilaya de Annaba. Parmi ces écoles agréées, figurent celles qui enseignent le journalisme et le cinéma. Une inspection menée par une commission de wilaya paritaire a mis à nu les desseins de ces “trabendistes de l'école”. Sur les 43 agréments délivrés, 33 ont été retirés pour non-respect de la réglementation. “Le retrait des agréments à ces écoles est motivé par un certain nombre de motifs tels que le non-respect de l'obligation du cahier des charges, la méconnaissance de la réglementation régissant le secteur et l'inadaptation des programmes de formation à ceux suivis dans les établissements publics”, a précisé, le directeur de wilaya de l'enseignement et de la formation professionnels, M. Traïkia Mohamed. Mieux encore, 22 des 33 cas de retrait concernent des établissements qui n'existent que sur le papier. En somme, la commission d'enquête s'est retrouvée en face d'écoles fictives. Les avantages de ces agréments sont bien entendu multiples. Cela va des crédits bancaires aux lots de terrain censés accueillir ces écoles, en passant par les visas pour l'étranger, dit-on. Pis, certains pseudo-fondateurs des écoles bénéficiaires d'agréments auraient même importé des équipements qui ont ensuite été détournés de leur vocation après avoir bénéficié d'exonération fiscale. L'on se demande alors comment ces écoles en question ont pu obtenir leur agrément au mépris de la réglementation en vigueur ? Qui a autorisé ces établissements fantoches à s'inscrire dans le secteur de la formation et de l'enseignement professionnels déjà mal en point, et qui n'arrive pas à s'adapter aux réalités du marché de la main-d'œuvre qualifiée ? D'ailleurs, ce point a été soulevé par les opérateurs immobiliers lors de la dernière rencontre qu'ils ont eue avec le wali de Annaba au cours de laquelle il a été annoncé la réalisation de 10 000 logements sociaux participatifs. Aux yeux de ces opérateurs économiques, la supériorité des Chinois dans le secteur du bâtiment réside dans leur main-d'œuvre hautement qualifiée. La mise à niveau du secteur de la formation a-t-elle déjà commencé ? Seul l'avenir nous le dira. B. B.