La réforme hospitalière projetée devra surtout permettre de répondre, selon le ministre, à une préoccupation nouvelle : “réorganiser la chaîne des soins”. Le ministre de la santé, de la population et de la réforme hospitalière, Mourad Redjimi, a dressé, hier, lors d'une conférence de presse au siège de son département, le bilan de son secteur pour l'exercice 2004, tout en annonçant les grandes actions envisagées durant l'année 2005, dans le cadre de la réforme hospitalière. D'emblée, M. Redjimi a noté “l'amélioration des performances du secteur” en rappelant que durant toute l'année écoulée, “aucune catastrophe d'ordre épidémiologique n'a été enregistrée sur le territoire national”, comme ce fut généralement le cas des années précédentes. Il y eut, certes, a-t-il reconnu, “des cas de typhoïde”, mais les raisons habituelles de ce genre d'épidémies sont connues pour avoir comme origine systématique la consommation d'eau infectée. Les cas signalés sont d'ailleurs “circonscrits à hauteur de 40% dans la seule wilaya de Batna où il a été constaté la contamination des nappes souterraines par des eaux usées”, a tenu à expliquer le ministre, et “à hauteur de 20%, dans la wilaya de Tiaret”. Le ministre a estimé que “l'on doit ces améliorations au travail des équipes de veille” que son département avaient mises en place, qui “étaient constamment sur le terrain, recueillaient régulièrement des informations, effectuaient des contrôles systématiques et, au besoin, prenaient des mesures de prévention”. Autre “bonne nouvelle” que le ministre s'est empressé d'annoncer, la dette des hôpitaux qui s'élevait à 13 milliards de dinars à fin 2001, et qui s'était accumulée tout au long des années 1990, a été “complètement épongée en 2004”, selon lui. Après avoir également fait état de la construction “de dizaines d'hôpitaux et de centaines de structures extra-hospitalières”, et une fois relevé que “pour la première fois depuis longtemps, il n'y a pas eu de pénurie de médicaments”, Mourad Redjimi a abordé le thème de la réforme hospitalière en énumérant quelques grandes actions envisagées pour l'année 2005, dont la réalisation d'instituts spécialisés à même de permettre la prise en charge de certaines maladies, celles du rein et du cœur, notamment, ou encore des différents cancers qu'il s'agit surtout de diagnostiquer à temps. Il est prévu également la réalisation de “deux centres de neuro-traumatologie” dont l'utilité n'est pas à démontrer dans un pays où le nombre de morts des suites d'accidents de la circulation, pour ne citer que ceux-là, est en passe de battre tous les records. La réforme hospitalière projetée devra surtout permettre de répondre, selon le ministre, à une préoccupation nouvelle : “Réorganiser la chaîne des soins.” Il s'agit, explique M. Redjimi, d'“adapter les infrastructures, les équipements et les moyens aux besoins spécifiques en soins”. C'est de cette préoccupation que découle le projet de régionalisation propre au secteur et qui se propose de mettre en place des “agences régionales de santé”. M. Redjimi précisera que la réforme ne concernera pas seulement les structures publiques de santé, mais, bel et bien, “le système de santé tout entier”. Comprendre par là que cette réforme, dont le ministre affirme qu'elle devra intégrer “les normes universelles, y compris celles économiques”, prévoit la mise à contribution des structures privées, tant il s'agit de tirer profit des compétences et moyens disponibles dans le pays. Tous ces aspects sont pris en compte dans le projet de loi sanitaire, actuellement “sur le bureau du chef du gouvernement” et qui devrait atterrir à l'assemblée nationale “dès la prochaine session de printemps ”. Le ministre a tenu enfin à rassurer le personnel médical et paramédical en précisant que “la contractualisation ne signifie pas dépermanisation”, mais qu'il s'agit seulement de réorganiser et de redéfinir les missions et les rétributions des professionnels de la santé. “Mansouri a refusé d'être mon conseiller” Interrogé par Liberté au sujet de l'affaire dite du Dr Mansouri, qui avait défrayé la chronique suite à son limogeage du poste de directeur du Centre hospitalo-universitaire de Tizi Ouzou, malgré les améliorations incontestables enregistrées au niveau de cette structure et qui y avait même provoqué une grève, le professeur Redjimi, tout en qualifiant la question de “sympathique”, n'a pas voulu s'étaler sur les raisons qui l'ont poussé à prendre une telle décision ou à la cautionner. En revanche, et tout en reconnaissant le rôle joué par M. Mansouri dans les performances réalisées par ledit hôpital, le ministre a tenu à ajouter que d'autres compétences y ont contribué et que l'amélioration “se poursuit encore”. Le ministre fait enfin cette révélation : “Le Dr Mansouri a refusé le poste de conseiller que je lui avais proposé.” Dont acte. F. L.