La guerre entre Ansar Eddine et El-Mourabitoune n'aura finalement, peut-être, pas lieu même si les deux groupes terroristes se repositionnent sur le terrain malien. Et même la bataille autour de la revendication des derniers attentats au Mali commence à s'estomper. Mokhtar Belmokhtar vient de choisir son territoire opérationnel qui ne gênerait pas les desseins d'Iyad Ag Ghaly et son groupe Ansar Eddine qui se redéploie. En effet, dans son dernier communiqué de "précisions", rendu public hier, Abou el-Abbes, alias Belmokhtar, annonce, entre autres, la création ou la transformation d'El-Mourabitoune en El-Mourabitoune-Al-Qaïda du djihad en Afrique de l'Ouest, dans le sillage du rappel de sa fidélité à Al-Qaïda et son souhait de fédérer les groupes opérant en Libye, au Niger et au Tchad. Sans citer le Mali. Outre que le message réaffirme l'élection par le conseil consultatif de Belmokhtar à la tête du groupe, apporte la preuve qu'il est toujours vivant, il s'adresse également à Ag Ghaly avec qui il a coexisté pendant toutes ses années maliennes chacun opérant dans un segment de trafic sans jamais entrer en conflit. En omettant d'intégrer le Mali dans son territoire (Afrique de l'Ouest), Belmokhtar lui offre la garantie de ne pas interférer dans ses activités quand bien même les deux groupes terroristes opéreraient depuis le début de l'année par sous-traitance, par le biais notamment de Macina. Ce qui laissera Iyad Ag Ghaly agir sans aucune rivalité et être ainsi en position de force pour négocier avec Bamako. Perspective que suggère, dans une déclaration à une émission mensuelle de radio, l'ancien président de l'Assemblée nationale malienne, Ali Nouhoum Diallo, qui a estimé qu'il faut ouvrir des négociations avec Ag Ghaly pour régler la crise sécuritaire du pays. À condition bien sûr que celui-ci renonce au terrorisme, reconnaisse l'intégrité territoriale du Mali et le caractère républicain et laïque du pays. En fait, les conditions immuables de Bamako que les groupes rebelles avaient déjà (difficilement) acceptées. Mais au-delà de l'hypothèse qu'Ag Ghaly accepte de déposer les armes et entre en négociations avec le gouvernement, se posera encore le problème de sa situation à l'internationale, sachant qu'il est sur la liste noire des terroristes recherchés par les Etats-Unis qui ont mis sa tête à prix. Bénéficiera-t-il d'un coup de pouce de la France, pour services rendus, notamment pour son rôle crucial dans la libération des otages d'Areva qui lui a valu la mansuétude de Paris ? Est-ce que les Etats-Unis vont lâcher du lest et le feront bénéficier du même statut que le Libyen Abdelkrim Belhadj qui est passé de terroriste recherché à un politique fréquentable ? À lui seul, le gouvernement de Bamako pourrait s'inscrire dans cette optique, assuré, de plus si l'on se tient à l'esprit du communiqué d'El-Mourabitoune, d'être débarrassé et à l'abri pour l'instant de la présence de groupes terroristes étrangers. Théoriquement ! D. B.