La commission électorale turque a déjà proposé jeudi la tenue de législatives anticipées, après l'échec cuisant des islamo-conservateurs de former un gouvernement de coalition. C'est décidé et ce sera pour le 1er novembre 2015. La Turquie tiendra des législatives anticipées à cette date, a annoncé hier le président Recep Tayyip Erdogan, lors d'une conférence improvisée à sa sortie de la mosquée d'Istanbul. "Si Dieu le veut, la Turquie va revoter pour de nouvelles élections législatives le 1er novembre", a-t-il déclaré, après 45 jours de négociations entre le Parti pour la justice et le développement (AKP, islamo-conservateur), dont il est issu, et d'autres formations politiques, surtout celles issues de la mouvance nationaliste. "Est-ce que le président peut appeler à des élections anticipées selon la Constitution ? Oui, il peut", a-t-il réaffirmé, annonçant une rencontre, ce lundi, avec le président du Parlement, afin de prendre les mesures nécessaires, ont rapporté les agences de presse. Jeudi, le Premier ministre Ahmet Davutoglu a invité les autres partis politiques à décider ensemble de la date de la tenue de ce scrutin anticipé, a rapporté l'agence officielle Anadolu. "Si personne ne répond favorablement à cet appel, tant pis. Nous prendrons nos responsabilités et gouvernerons avec tous les efforts requis. Nous prendrons toutes les décisions nécessaires pour lutter contre le terrorisme. Même si nous devions perdre aux élections, nous le ferons sans hésiter", a affirmé le Premier ministre qui a remis son mandat mardi, après avoir échoué à rallier à l'AKP les sociaux-démocrates (CHP) d'une part, les nationalistes (MHP), d'autre part, à la cause de l'AKP. Selon la Constitution turque, en attendant la tenue des législatives anticipées, un gouvernement composé de représentants de chacun des partis représentés au Parlement assurera la transition. La même Constitution autorise aussi le chef de l'état à convoquer des élections anticipées, sans passer au préalable par le Parlement. Après les élections du 7 juin, le parti islamo-conservateur de l'AKP, qui règne sans partage depuis 2002, a cherché en vain un partenaire pour gouverner suite à la perte de sa majorité. Les âpres négociations entre l'AKP et les sociaux-démocrates (CHP) d'une part et les nationalistes (MHP) d'autre part n'ont pas permis la formation d'un gouvernement de coalition. L'opposition estime que M. Erdogan n'a cessé de jouer sur la peur et l'instabilité croissantes, pour obtenir un nouveau scrutin dans l'espoir que l'AKP retrouve sa majorité gouvernementale. Dans ce contexte de crise politique, la Turquie a déclenché le mois dernier une nouvelle guerre contre les "rebelles" kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), sous couverture de lutter contre le groupe terroriste autoproclamé Etat islamique (Daech) en Syrie. L. M./Agences