Mission n Le Premier ministre turc Ahmed Davutoglu a rencontré, hier, le président Recep Tayyip Erdogan pour l'informer de son échec à former un gouvernement de coalition. Conformément à la procédure, le Premier ministre a rendu au président le mandat qu'il lui avait confié le 9 juillet pour mener des négociations avec les partis d'opposition pour former un gouvernement. «Le Premier ministre a déclaré au président Erdogan que malgré tous ses efforts il n'a pas pu former un gouvernement qui aurait pu remporter un vote de confiance», a indiqué la présidence hier soir. Les discussions menées entre l'AKP et les sociaux-démocrates (CHP, deuxième force au Parlement) d'une part, et avec le parti nationaliste (MHP, troisième force) de l'autre, n'ont pas abouti. Si tous les recours pour former un gouvernement sont épuisés avant le 23 août, la Turquie devra organiser de nouvelles élections législatives, dans un contexte politique incertain. Le scrutin pourrait se tenir dans un délai de 90 jours après l'appel à la tenue d'élections. Le Parti islamo-conservateur de la justice et du développement (AKP), qui régnait depuis 2002 sans partage, a subi un sérieux revers lors du scrutin législatif du 7 juin, qui ne lui a pas permis d'obtenir la majorité absolue et de former un gouvernement seul. Selon la Constitution, si une majorité se dégage au Parlement en faveur d'élections anticipées, alors un cabinet formé par l'AKP pourra continuer de gouverner jusqu'au scrutin anticipé. En revanche, si le président Recep Tayyip Erdogan décide lui-même de convoquer un nouveau scrutin, alors c'est un «gouvernement d'élection», composé de représentants de chacun des partis présents au Parlement, qui sera appelé à diriger le pays. Selon les scénarios, les élections pourraient se dérouler au plus tard en novembre, a précisé l'agence Anatolie. «Tous les chemins mènent aux urnes», a écrit hier mardi l'éditorialiste pro-AKP Abdulkadir Selvi dans les colonnes du journal Yeni Safak. Selon certains analystes, le chef de l'Etat veut un nouveau scrutin dans l'espoir que l'AKP emporte la majorité, et forme seul un gouvernement. Celui qui a été Premier ministre de 2003 à 2014, avant de devenir l'an dernier le premier président élu au suffrage universel direct, rêve par ailleurs d'une réforme de la Constitution qui accorderait au chef de l'Etat des pouvoirs plus étendus. Un projet mis à mal à l'issue des élections de juin. Recep Tayyip Erdogan a récemment provoqué l'ire de ses opposants en suggérant que le système présidentiel était «de facto» en place. «Que vous soyez d'accord ou non, le régime turc a changé», avait-il déclaré la semaine dernière. Pour l'éditorialiste en chef du journal Hürriyet, Murat Yetkin, M. Erdogan a usé de tous les moyens possibles pour prolonger le mandat de l'AKP, malgré le désaveu des urnes.