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Anciens élèves, enseignants et directeurs racontent l'école de Tamazirt Une rencontre a été organisée, hier, pour célébrer le 140e anniversaire de son ouverture
Bien que, physiquement, elle n'existe presque plus, mais ses souvenirs sont encore vivaces, intacts et surtout très nombreux dans la mémoire de ceux qui, encore enfants, ont eu à la fréquenter à une époque ou une autre. L'école de Tamazirt est une longue histoire. Elle fut une des premières écoles ouvertes en Kabylie. C'était il y a 140 ans. Ils n'étaient pas très nombreux à prendre part à la rencontre organisée, hier, à la bibliothèque communale du chef-lieu d'Irdjen à l'initiative de l'APC locale dans le cadre de la semaine "Irdjen, lieu d'histoire et de culture", mais l'émotion et la joie des retrouvailles étaient bien là, plein la salle. D'anciens élèves, enseignants et directeurs sont venus s'échanger témoignages, souvenirs et anecdotes ayant jalonné la longue histoire de cette école qui a vu le jour en 1875. Un véritable voyage dans le temps ! Une vraie épopée ! Comme si cela datait d'hier, Mhend Labchri n'a rien oublié de sa scolarité à l'école de Tamazirt dans les très lointaines années 40. "Elle fut l'une des premières écoles de Kabylie à l'instar de celles de Tizi Ouzou, de Taguemount Azouz, de Djemâa Saharidj, d'Ath Yenni et de Ouaghzen, dans la région d'Aïn El-Hammam, mais contrairement à toutes ces dernières, l'école de Tamazirt était toujours une école pour les seuls garçons. Ce n'est qu'en 1946 que devait s'ouvrir une classe pour filles avant qu'elle ne soit fermée après que la classe a été occupée par l'armée coloniale", raconte Mhend Labchri qui se souvient aussi que l'école était composée de cinq classes et six cours pédagogiques. L'ancien ministre Hamid Sidi Saïd, qui a été le premier directeur de l'école de Tamazirt à l'indépendance du pays, se souvient avoir passé ses dix plus belles années de jeunesse à la tête de cette école. Il se rappelle dans le moindre détail et avec une grande joie, dit-il, ces années où l'école était en parfaite symbiose avec la société et où les personnels enseignants avaient à la fois l'amour du métier et la conscience d'avoir à charge de former la génération post-indépendance. Hamid Sidi Saïd garde encore en mémoire les anecdotes qui ont marqué son inoubliable passage à Tamazirt. Il se rappelle qu'un jour où Ahmed Taleb Ibrahimi, alors ministre de l'Enseignement, rendait visite à cette école, un des élèves, auquel on avait demandé une rédaction pour l'occasion, écrira : "Voici la porte de la classe qui s'ouvre et le ministre avec ses complices entrent...". Les conférenciers n'ont pas manqué de souligner que nombreux étaient les anciens élèves de l'école de Tamazirt sous l'autorité coloniale à rejoindre les rangs de l'ALN au déclenchement de la Révolution. "Nombreux aussi sont ceux qui, à différentes époques, sont devenus de hauts cadres dans différentes institutions." Un des anciens élèves de cette école, Arezki Hamoudi, a, pour sa part, déploré que Irdjen a eu le privilège de recevoir une des premières écoles sur son territoire mais qu'il aura fallu 100 ans après pour avoir un CEM et, aujourd'hui, toujours pas de lycée. La rencontre a été également une occasion pour Tahar Yami, un des organisateurs, d'appeler tous ceux qui disposent de documents, témoignages et souvenirs à participer à la reconstitution complète de l'histoire de cette école. Sidi Saïd a également suggéré de créer une association des anciens de l'école de Tamazirt. S.L.