L'envie de détruire sa terrasse, supprimer son balcon, enlever les poutres de soutien des pièces sans plan ni respect des règles de construction est devenue monnaie courante. Le phénomène des transformations anarchiques des habitations en copropriété est en pleine expansion dans la wilaya d'Oran compte tenu de l'absence totale de contrôle de la part des autorités compétentes et des services censés veiller à l'application de la loi qui interdit formellement ce genre de travaux sans autorisation préalable dûment délivrée par les autorités locales. L'envie de détruire sa terrasse, supprimer son balcon, enlever les poutres de soutien des pièces sans plan ni respect des règles de construction est devenue monnaie courante. Selon un conducteur de travaux que nous avons interrogé, "les occupants de logements situés dans les immeubles doivent tenir compte des normes en matière de réalisation des logements qui ont été érigées selon un plan élaboré par un bureau d'études et soumis à l'appréciation de la direction de l'urbanisme et de la construction". En termes clairs, il est strictement interdit de procéder à des aménagements extérieurs au risque d'entraîner des dégâts incalculables. En effet, les murs de soubassement et les fondations réalisés pour chaque type d'immeuble permettent de supporter une charge stricte. Ce qui n'est pas le cas à la cité des 295-Logements à Dar Salam où semble régner la loi du plus fort. Voici une cité qui a été construite par un promoteur privé et livrée à ses copropriétaires en 2013. Des citoyens se sont élevés contre la pagaille qui caractérise cette cité qui leur fait craindre le pire. "Les gens n'ont aucun sens de civisme ou de responsabilité car ils ont fait subir aux habitations des changements extérieurs radicaux qui peuvent s'avérer dangereux", affirme un habitant excédé. Des terrasses ont disparu pour laisser place à des pièces, et des balcons ont été rasés et aménagés en terrasses. En lieu et place de terrasse, des copropriétaires sans vergogne ont surélevé des fondements dangereux et coulé la dalle. Les habitants ont beau interpeller les occupants réfractaires sur le péril de telles transformations, mais peine perdue. Au niveau de la Police de l'urbanisme et de protection de l'environnement (PUPE), on se veut catégorique : "Les habitants qui se sentent menacés par les dégradations ou qui sont exposés à la pollution sonore doivent impérativement se déplacer à nos services pour déposer plainte contre les responsables de ces agissements." Mais dans la majorité des cas, les habitants victimes de ces assauts n'osent pas se rendre auprès de la PUPE. Ce "laisser-faire" renseigne sur l'ampleur de la démission morale et citoyenne des habitants qui redoutent les représailles des copropriétaires récalcitrants. "J'ai été copieusement insulté par mon voisin du 2e étage qui, en plus d'avoir supprimé son balcon pour en faire une terrasse, effectue toujours des travaux d'aménagement qui durent depuis plus de 6 mois." Selon lui, les habitants ont tenté de raisonner leur voisin sur les risques de tels travaux qui se prolongent sans relâche. Pour eux, il est temps que les choses évoluent et que des décisions fermes soient prises à l'encontre de ces perturbateurs qui font fi de la loi. Les citoyens que nous avons approchés n'en espèrent pas moins une réaction positive de la part de la PUPE en organisant des patrouilles et des contrôles inopinés sur les différents sites d'habitation. Selon un élu local, il existerait bien une commission de suivi qui agit en amont de la certification établie par la CTC pour chaque immeuble. Cette dernière, qui est composée d'ingénieurs en bâtiment et d'architectes, est inefficace, selon notre interlocuteur. "Les membres de cette commission municipale se roulent les pouces en ce sens qu'aucune sortie sur le terrain ni aucun procès-verbal n'a été dressé", ajoute-t-on de même source.