Le chef du gouvernement a enfin daigné recevoir le conseil exécutif du forum des chefs d'entreprise. Ce n'était pas évident. L'organisation que dirige Omar Ramdane, faut-il le rappeler, a demandé à être reçue au moins à deux reprises. Le FCE a envoyé, maintes fois, des documents de réflexion intéressants à Ouyahia sans que celui-ci lui réponde. L'absence du forum des chefs d'entreprise, portant invité à la bipartite gouvernement-patronat, n'est pas passée inaperçue. Le forum, nous dit-on, avait décliné l'invitation par le fait “qu'il n'a jamais participé ni à une bipartite ni à la tripartite”. Mais d'autres soutiennent que cette organisation, composée de capitaines d'entreprises privées et publiques, ne souhaite pas apparaître avec des organisations dont certains animateurs sont contestés par leur base. Omar Ramdane, président du forum des chefs d'entreprise, a d'ailleurs précisé, dès l'ouverture de la rencontre, que l'organisation qu'il dirige “n'a pas de revendications à soumettre au gouvernement, mais plutôt des propositions et des solutions”. Des propositions contenues d'ailleurs dans un mémorandum accompagné d'une matrice adressé au chef du gouvernement, il y a plusieurs mois. Il semblerait que c'est sur instruction du président de la république que le chef du gouvernement a rencontré tous les membres du Conseil exécutif. Il est vrai qu'il est impensable d'aller vers un pacte économique et social sans une organisation patronale qui pèse 445 milliards de dinars de chiffre d'affaires cumulés avec au moins 94 000 emplois. Une organisation qui regroupe environ 80 entrepreneurs privés et publics dirigeant quelque 191 entreprises. Du coup, Ouyahia veut voir le forum rejoindre les autres organisations patronales et l'UGTA à la tripartite, prévue à la fin du mois en cours ou début février, qui verra le lancement d'un pacte économique et social. La participation du forum des chefs d'entreprise à cette rencontre n'est pas acquise. En tout état de cause, c'est l'assemblée générale prévue pour jeudi prochain qui décidera. Concernant la rencontre de mercredi passé, plusieurs chefs d'entreprise l'ont qualifiée de “mi-figue mi-raisin”. Autant ils ont apprécié l'invitation du chef du gouvernement, autant ils étaient déçus par la tournure des débats qui ont duré un peu plus de deux heures. Omar Ramdane a peint un tableau peu reluisant de l'environnement dans lequel évolue l'entreprise algérienne. Dans son allocution, le président du forum des chefs d'entreprise a évoqué trois contraintes majeures qui, selon lui, “freinent l'investissement”. Il y va des conditions d'octroi des crédits, du foncier et du secteur informel qui prend de plus en plus d'ampleur. “Pour nous, l'informel est la préoccupation première”, a souligné le président du FCE qui considère qu'“il est en train d'aspirer l'économie légale”. Les réponses du chef du gouvernement n'ont pas convaincu les responsables du forum. Omar Ramdane le lui a fait savoir : “Nous divergeons sur la question de l'investissement et sur celle de la mise à niveau.” Cette réplique a quelque peu surpris Ouyahia. Le chef du gouvernement trouve normale l'existence de divergences, d'autant que les deux parties se rencontrent pour la première fois. M. R.