Le Forum des chefs d'entreprise (FCE) deviendra-t-il un syndicat patronal ? L'option est sur la table de l'organisation depuis au moins quelques semaines, à en croire un document interne adressé par Redha Hamiani aux membres du forum, dont nous détenons une copie. Ce document, daté de 22 avril, évoque clairement cette question. Mais Hamiani ne veut pas trancher. Il demande, seulement, aux membre -auxquels il envoie également un questionnaire- si oui ou non, le FCE doit devenir un syndicat patronal. «Je dois attirer votre attention sur le fait que cette question revient de façon récurrente dans les débats du forum, les tenants du maintien du statut actuel d'association présentant tout autant d'arguments que les tenants de la transformation du Forum en syndicat patronal», écrit Redha Hamiani aux membres du forum, après une réunion du bureau de l'association qui regroupe une bonne partie des grands patrons nationaux, tenue le 15 avril. Le président du FCE poursuit dans son courrier qu'il est «nécessaire d'épuiser ce débat lors de la prochaine session de notre assemblée générale et d'aboutir à une décision qui réponde aux attentes de la majorité de membres pour permettre au forum d'aborder la prochaine étape de son parcours dans les conditions qui lui assureront des performances optimales dans la conduite future de son action». Et pour plus d'efficacité, Hamiani demande à ce que le questionnaire envoyé aux patrons soit rendu avant le 30 du mois en cours. Mais avant cela, la direction du FCE a fait dans la pédagogie. Elle a adressé, en plus de la lettre du président, un questionnaire et une fiche explicative des lois en vigueur, régissant et les associations et les syndicats patronaux. Mieux que cela, le FCE anticipe en faisant la synthèse des deux visions qui s'expriment en son sein. La tendance favorable à la transformation du FCE en syndicat avance un argument : le forum doit peser sur les décisions économiques du gouvernement. Selon ce courant, la poussée du secteur privé et les choix «du dirigisme économique» du gouvernement «commandent le renforcement de la capacité de représentativité du forum pour lui permettre de se positionner en partenaire à part entière des pouvoirs publics et, de cette façon, espérer peser sur l'évolution de notre économie». Mieux, les partisans de cette option soutiennent que le FCE «ne peut plus se satisfaire des actions ponctuelles de concertation» et il doit «nourrir l'ambition de jouer un rôle réel en matière d'élaboration et de mise en œuvre des politiques économiques». Face à ce groupe, une autre idée fait son chemin parmi les entrepreneurs membres du FCE. Elle avance que le Forum doit rester à son actuel état d'association de débat et de réflexion. Pour ce groupe, «si le forum a fait beaucoup de chemin depuis sa création, c'est fondamentalement par l'analyse et le débat d'idées qu'il a progressé», est-il encore écrit dans le document. Cette tendance avance un autre argument. Il s'agit de celui qui fait que plusieurs autres syndicats de patrons existent sur le terrain mais n'a pas réussi à faire avancer les choses. Mais avant cela Redha Hamiani a tenu à préciser que le débat reste ouvert. Mieux, il attend même de savoir «l'appréciation qu'auraient éventuellement les autorités sur la question pour savoir quelle type d'organisation d'entrepreneurs les pouvoirs publics souhaitent avoir comme partenaire». Il est à souligner que, malgré l'importance de sa représentativité, le Forum des chefs d'entreprise est juste une association de débat et de réflexion. Il ne participe ni aux réunions bipartites avec le gouvernement ou les syndicats, ni aux tripartites avec les deux partenaires à la fois. Mais, vu sa composante, le FCE est souvent consulté par les pouvoirs publics sur les politiques économiques à suivre. A. B.