Naftal devrait annoncer incessamment les nouveaux prix qui connaîtront une hausse d'au moins 10% à l'exception de l'essence sans plomb qui baisse de 34%. Le gouvernement rattrape par cette mesure le refus des députés lors de l'adoption de la loi de finances. Voilà qui pourrait sans doute incommoder les automobilistes et les ménages : le gouvernement d'Ahmed Ouyahia a décidé de revoir à la hausse les prix à la consommation des produits pétroliers. Un décret exécutif, présenté mercredi par le ministre de l'énergie et des mines, M. Chakib Khellil, en conseil de gouvernement, portant fixation des marges de distribution et des prix des produits pétroliers a été adopté par le gouvernement. Ainsi, selon un communiqué de l'exécutif rendu public, les fluctuations vont de 10% pour le fuel lourd vers des seuils supérieurs pour les autres produits, concernant les marges de gros. Quant aux marges de détail, elles connaîtront également une hausse relative, indique le gouvernement sans autre précision. Seule consolation : une baisse de 34% a été décidée pour l'essence sans plomb, et cela dans le but “d'encourager le recours aux énergies moins polluantes”, explique l'exécutif. Prosaïquement, dans le langage des usagers, hormis l'essence sans plomb, le super, le normal et le gas-oil seront revus à la hausse. Ces augmentations que le gouvernement désigne pompeusement sous le vocable “d'ajustements” sont justifiées par la dégradation de la qualité du service, l'absence de nouveaux investisseurs, entre autres. “Le gel des marges des prix depuis 1998, conjugué à l'augmentation des charges d'exploitation, a eu pour effet la dégradation de la qualité du service de distribution des carburants et GPL, le manque d'attractivité aux nouveaux investisseurs et la difficulté pour les opérateurs de mettre à niveau leurs infrastructures pour se conformer aux normes”, note le communiqué. Bien entendu, même si nul n'ignore que cette hausse aura comme conséquence immédiate l'augmentation des prix du transport, le gouvernement ne manque pas de rappeler que ces ajustements ont pris en ligne de compte le pouvoir d'achat des citoyens. “Les ajustements introduits ont été adoptés par le gouvernement dans le souci de préserver le pouvoir d'achat des citoyens”, soutient encore le communiqué. Mais au-delà de ces augmentations, somme toute prévisibles, le texte vaut beaucoup plus pour son caractère politique. Les parlementaires, qui avaient réussi à introduire un amendement fixant le prix du gas-oil à un dinar le litre à la pompe, initialement fixé à 5 Da, lors de l'adoption de la loi de finances en novembre dernier, viennent d'essuyer ainsi un revers. Un camouflet de plus qui révèle autant les limites de leur pouvoir, mais aussi le “peu de cas” que fait l'Exécutif de leurs prérogatives. Cependant, on aurait tort de voir dans cette décision le seul forcing de M. Benachenhou, l'architecte “dans le détail” de la loi de finances. Il y a assurément la main de Abdelaziz Bouteflika dont Benachenhou n'en constitue que la voix autorisée. Le Président qui aura aussi toute latitude de légiférer par ordonnances, dans les prochaines semaines, sur tous les sujets sur lesquels les députés avaient affiché des appréhensions. C'est dire, en définitive, que le parlement n'est qu'une institution factice. Au mieux, une caisse de “résonance”, au pire “un cénacle de prêcheurs dans le désert”. En tout état de cause, les nouveaux prix aux consommateurs des différents carburants décidés par l'exécutif, en vigueur depuis le 1er janvier, seront connus via l'opérateur Naftal. K. K.