Cette mesure envisagée par le ministre de l'Energie serait justifiée par le souci de permettre aux distributeurs d'équilibrer leurs comptes et de réaliser des investissements. Mais il n'est pas sûr que les députés approuvent cette nouvelle augmentation. “Il faut réarranger les marges”, a lancé le ministre de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil, en réponse à une question sur la qualité des prestations des stations-service privées, lors de la conférence de presse, organisée hier, à l'invitation du forum d'El Moudjahid. “Une augmentation des marges des stations-service leur permettra d'investir dans l'amélioration de leurs prestations”, telle est la justification du premier responsable du secteur de l'Energie. À défaut, il ne faut s'attendre à être bien servi, a-t-il laissé entendre. Dans cette affaire, les sous-entendus sont plus importants que les déclarations. Le ministre de l'Energie a expliqué que la nouvelle loi sur les hydrocarbures n'entraîne pas une hausse des carburants à la pompe. Mais une lecture attentive du texte montre qu'on s'achemine vers une hausse des marges au détail. Les différents intervenants du producteur (Naftec), du grossiste (Naftal) au détaillant (stations-service) doivent intégrer tous les coûts. Une marge intéressante leur est de surcroît accordée de manière à ce qu'ils puissent équilibrer leurs comptes et investir. La question de taille est de savoir si une augmentation des marges des différents intervenants qui s'avère aujourd'hui inéluctable dans la chaîne de distribution des carburants conduit à une hausse des prix des carburants. À l'accoutumée, une augmentation des marges entraîne une augmentation des prix des carburants à la pompe. Comme ce fut le cas lors de la récente augmentation des prix de l'essence décidée par le gouvernement. La réponse est claire : il y aura augmentation des prix des carburants au détail dès le début de l'an prochain, voire un peu plus tard, si l'Exécutif en accord avec l'APN, ne veut pas baisser les taxes que le Trésor prélève sur chaque litre de carburant commercialisé. “C'est à l'APN de décider des prix à travers une baisse des taxes”, a-t-il rappelé. Le ministère de l'Energie n'a pas proposé cette année une baisse des taxes dans le projet de loi de finances 2006, pour compenser la hausse des marges. Il a, en revanche, suggéré une diminution des prix des carburants moins polluants tels que l'essence sans plomb et le GPL. On en arrive à un scénario où chaque partie va se rejeter la balle. L'absence d'intervention du Chef du gouvernement qui dispose de la latitude de fixer par décret exécutif les prix ou de l'APN (proposition d'amendement) conduirait inéluctablement à une hausse des prix des carburants à la pompe l'an prochain. La nouvelle loi sur les hydrocarbures a été justement modifiée pour que l'Exécutif puisse se prononcer, après avis de l'Autorité de régulation qui en vue de déterminer les prix des carburants doit tenir compte de tous les coûts et d'une marge suffisante. Le débat à l'Assemblée à partir de novembre prochain sera cette fois-ci plus chaud avec cet ensemble de propositions tendant à baisser les prix des carburants moins polluants, à rendre moins accessible le gasoil et en laissant pendante la question de l'augmentation des prix des essences super et normale. N. Ryad