L'intervention militaire de la coalition arabe au Yémen, sous la conduite de l'Arabie Saoudite, a pris hier une nouvelle tournure, au lendemain d'une attaque des Houthis qui a fait plus de 90 morts à Bayhan, une ville du sud de Marib. L'aviation saoudienne, appuyée par ses alliés du Golfe (le Bahreïn, les Emirats arabes unis et le Koweït) ont mené, en effet, des raids meurtriers à Sanaa, la capitale yéménite sous le contrôle des Houthis depuis le début de l'année. Ces raids, les plus intenses depuis mars, ont visé plusieurs positions des Houthis, ont rapporté les médias locaux et des civils, une des premières victimes de cette intervention des pays arabes au Yémen. "Nous sommes déterminés à débarrasser le Yémen de la pourriture", a lancé, selon la presse locale, l'homme fort des Emirats, cheikh Mohammed ben Zayed Al-Hahyane, prince héritier d'Abou Dhabi et commandant en chef adjoint des forces armées, en référence aux rebelles. Et d'ajouter : "La vengeance (des Emirats) ne saura tarder." Les dirigeants des Emirats arabes unis, qui ont perdu à eux seuls 45 soldats vendredi lorsqu'un missile rebelle a provoqué des explosions dans un entrepôt d'armements de la province de Marib, à l'est de la capitale Sanaa, ont décrété vendredi un deuil national de trois jours. Considérés comme des agresseurs, les membres de la coalition arabe justifient leur intervention par la lutte contre le danger iranien, car Téhéran est ouvertement accusé de soutenir les Houthis pour renforcer la présence chiite dans la péninsule arabique. Mais le régime des Ayatollahs nie toute implication dans la guerre civile yéménite, qui a commencé après le refus du président de transition Abd Rabbo Mansour Hadi de céder aux revendications politiques des Houthis, qui vivent en majorité dans le nord-ouest frontalier avec l'Arabie Saoudite. Par ailleurs, le dialogue politique parrainé par l'Organisation des Nations unies n'a eu aucun résultat positif, alors que la situation humanitaire ne cesse de se dégrader à travers tout le pays, où les organisations non-gouvernementales ont de plus en plus du mal à accomplir leur mission. Le conflit au Yémen a déjà fait plus de 4400 morts et plus de 1,3 million de déplacés. Le nombre de personne ayant besoin d'aide humanitaire dépasse les 21 millions, selon l'ONU. L. M.