La France ne se joindrait pas à la coalition internationale agissant en Syrie sous la direction de Washington. "L'organisation terroriste autoproclamée Etat islamique (EI/Daech) est en Irak et en Syrie. C'est Daech qui fait fuir, par les massacres qu'il commet, des milliers de familles", a affirmé le président français dans une conférence de presse hier pour justifier son annonce de mener des vols de reconnaissance au-dessus de la Syrie en prévision de "frappes" contre cette organisation terroriste. Cette décision intervient au moment où l'Europe fait face à un afflux historique de réfugiés. Ainsi, la déclaration de guerre de la France à Daech en Syrie constitue une évolution de stratégie qui exclut toutefois toute intervention de troupes au sol. Hollande a précisé que "ces vols de reconnaissance permettront d'envisager des frappes contre Daech, en préservant notre autonomie d'action et de décision", tout en laissant entendre que la France ne se joindrait pas à la coalition internationale agissant en Syrie sous la direction de Washington. "Aujourd'hui en Syrie, ce que nous voulons, c'est connaître, savoir ce qui se prépare contre nous et ce qui se fait contre la population syrienne", a-t-il expliqué. Il y a lieu de rappeler que dans le cadre d'une coalition internationale menée par les Etats-Unis, les Mirage 2000 et les Rafale de l'aviation française bombardent déjà les positions de Daech en Irak. La France avait jusqu'à présent refusé de faire de même en Syrie dans les régions contrôlées par Daech. Sur une intervention de militaires français au sol en Syrie, Hollande a réaffirmé qu'"il serait inconséquent et irréaliste d'envoyer des troupes françaises en Syrie au sol. Donc, nous ne ferons pas d'intervention au sol, pas plus d'ailleurs que nous n'en faisons en Irak". Selon les analystes, plusieurs paramètres sont, sans doute, à l'origine du changement de position de la France, car au début de l'intervention française dans le ciel irakien, il y a un an, le président français avait expliqué qu'il mettait dans le même sac Daech et le régime de Bachar al-Assad, accusés d'être responsables de centaines de milliers de morts depuis le début de l'insurrection syrienne en mars 2011. Hier, le locataire de l'Elysée a justifié son changement d'orientation en expliquant que "Daech a considérablement développé son emprise depuis deux ans". L'autre paramètre, qui est à l'origine du changement de position de Paris, est l'engagement des pays arabes dans des bombardements en Syrie. Il était difficile en conséquence pour Paris de fermer les yeux sur leur engagement qui est à double détente : contre Daech et contre le régime de Bachar al-Assad soutenu, notamment, par l'Iran, principal rival des pays arabes dans la région, avec lesquels la France s'est considérablement rapprochée via des ventes d'armes. L'autre objectif est de tenter de réduire la menace de nouveaux attentats en France. Les attaques meurtrières contre Charlie Hebdo, une policière et un magasin cacher en janvier, celle commise fin août dans un train Thalys, les attentats avortés comme celui contre une église dans la banlieue parisienne ont tous un lien avec le "djihadisme" et certains ont été revendiqués par Daech. Il faut, par ailleurs, s'attendre à ce que la Grande-Bretagne emboîte le pas à la France en menant des frappes en Syrie, une fois que la Chambre des communes aura donné son aval à David Cameron.