Le président de la République française François Hollande a donné, hier, sa sixième grande conférence de presse. Crise des migrants, fiscalité, Syrie… Retour sur les annonces clefs du Président. C'est un exercice délicat qui attendait François Hollande, lundi 7 septembre. A la faveur de sa sixième conférence de presse donnée depuis l'Elysée, le Président, au plus bas dans les sondages, devait se montrer à la hauteur des sujets graves qui demandent l'attention du gouvernement : crise des migrants, fiscalité, opérations militaires contre Daesh en Syrie, terrorisme… Retour sur les annonces clefs du président de la République.
Crise des migrants Face à l'afflux de migrants, François Hollande explique : " La France est disposée à prendre sa part dans l'accueil des réfugiés : cela représentera 24.000 personnes dans les deux ans, nous le ferons ". Le Président évoque la mise en place d'un " mécanisme " européen visant à réguler et à répartir entre les différents pays membres l'afflux de migrants : " Le droit d'asile fait partie intégrante de l'âme de la France (...) C'est pourquoi, face à ces drames et cette situation, j'ai proposé un mécanisme permanent et obligatoire d'accueil des réfugiés. Le mot important c'est obligatoire ", a-t-il déclaré avant d'ajouter : " L'enjeu est de fournir une aide humanitaire massive, pour que ces personnes restent au plus près des pays qu'elles ont fuis ". Il précise encore qu'une " conférence internationale pour les réfugiés " pourrait se dérouler à Paris : " La crise des réfugiés peut être maîtrisée et elle le sera ", a-t-il affirmé avant d'ajouter qu'un débat se déroulera, dans les prochains jours, au sein du Parlement. Outre, un journaliste a interrogé le chef de l'Etat sur le manque de réactions de la France par rapport à l'Allemagne face à la crise des migrants." La France n'est pas dans la même situation que l'Allemagne. 800 000 personnes vont venir chez elle. Si je ne m'attache qu'au droit d'asile, ce sera 60 000 chez nous en 2015 ", a expliqué François Hollande. François Hollande a implicitement critiqué la Hongrie pour la construction d'une clôture à sa frontière avec la Serbie pour empêcher l'entrée de migrants sur son territoire, dressant un parallèle avec les pays d'Europe de l'Est lors de la chute du mur de Berlin. " Il y a des pays qui voudraient faire des critères ethniques, qui voudraient accueillir certains et pas d'autres, au nom de religions. Il y a des pays qui voudraient bâtir des murs et ne pas prendre un seul réfugié ", a-t-il dénoncé. En fin de conférence, un journaliste a demandé au Président s'il était prêt, comme le Premier ministre finlandais, à accueillir un réfugié chez lui. " Je n'ai pas de résidence secondaire disponible. Je comprends ce geste, mais franchement, ce que l'on attend de moi, c'est de prendre des décisions ".
Terrorisme François Hollande a évoqué les menaces terroristes qui planent sur le pays : " Je dois le dire aux Français, des tentatives d'attentats sont empêchées, déjouées, dissuadées ". Concernant un renforcement de la participation française aux frappes en Syrie, François Hollande affirme avoir " demandé au ministre de la Défense que, dès mardi, des vols de reconnaissance soient organisés au-dessus de la Syrie ", pour la mise en oeuvre d'éventuelles frappes aériennes contre les positions de Daesh. Cependant, pour François Hollande, ces vols " permettront d'envisager des frappes contre Daech, en préservant notre autonomie d'action et de décision ". Néanmoins, pas question d'envoyer des troupes sur le terrain, un projet que le président de la République juge " inconséquent et irréaliste ". Il a ajouté encore : " Nous ne ferons pas d'intervention au sol, pas plus d'ailleurs que nous n'en faisons en Irak". Concernant la diplomatie, François Hollande reste ferme face au régime syrien de Bachar al-Assad : "Le départ de Bachar al-Assad est à un moment ou un autre posé dans la transition ". L'annonce d'une non-intervention au sol, en Syrie, fait elle aussi réagir certains politiques. François Hollande a également expliqué : " La France travaille pour que des solutions politiques soient trouvées car l'issue, elle est politique en Syrie. Et donc nous considérons que nous devons parler avec tous les pays qui peuvent favoriser cette issue et cette transition ", a souligné le chef de l'Etat. " Je pense aux pays du Golfe, je pense aussi à la Russie, à l'Iran en plus de pays qui sont d'ores et déjà membres de la coalition ", a-t-il précisé.
Fiscalité François Hollande est revenu, concernant la fiscalité, sur le prélèvement à la source. " Il permettra (...) plus de cohérence et de justice (...). Il me paraissait plus juste de faire sortir une certaine partie des foyers de l'impôt sur le revenu." Durant son élocution, François Hollande a confirmé la baisse des impôts pour l'année 2016 : " La politique de baisse des impôts qui a été initiée en 2014, amplifiée cette année, sera poursuivie en 2016 ". Selon le Président " plus de deux milliards d'euros y seront consacrés et huit millions de foyers seront concernés ". Pour justifier une baisse des impôts en 2016, François Hollande se fonde sur une hausse de la croissance l'an prochain, tablant sur +1,5%. " La croissance pourra être de 1,5% l'année prochaine,c'est l'objectif que nous allons fixer, il est raisonnable. Nous pourrons éventuellement faire plus mais je dois faire en sorte que nos prévisions correspondent à ce que peut être l'estimation de la réalité, sans la forcer ", a-t-il ajouté. Sur la question d'une remise en cause des 35 heures, François Hollande s'est montré ferme : " La durée légale du temps de travail ne changera pas. Qu'il y ait des négociations dans les entreprises, c'est déjà le cas ". Sur le même thème, le président de la République a refusé une augmentation de la redevance télévisée tout en se montrant défavorable à une taxe sur les objets connectés : " Nous avons besoin d'un service public fort. Mais la redevance télévisée ne peut pas être la variable d'ajustement "
Climat Sur la conférence sur le climat qui aura lieu en décembre à Paris, F. Hollande reconnaît qu'il y a des risques d'échec car les pays pas prêts à financer la transition. " Il y a des risques d'échec. Nous n'avons que 60 contributions pour le moment. Les déclarations fracassantes ne sont pas sonnantes et trébuchantes, alors que c'est sur la question du financement que tout va se jouer ".
Lutte contre les discriminations François Hollande a aussi annoncé des mesures visant à lutter contre les discriminations :" Je confirme qu'il y aura un projet de loi. Ça vient assez logiquement après ce qui s'est produit le 11 janvier, cette sorte de volonté collective de vivre ensemble. [...] Mais pour vivre ensemble il faut qu'on vive dans une société où l'on se respecte." Toutefois, le président de la République affirme que " le CV anonyme n'a pas été retenu".
Candidature en 2017 L'engagement de lier son éventuelle candidature pour la présidentielle de 2017 à une diminution du chômage était " une évidence " , " presque une évidence morale ", selon le chef de l'Etat." J'ai voulu convaincre que la gauche qu'elle pouvait gouverner, qu'elle sait gouverner, même lors des événements qui ne sont pas prévus ", a-t-il expliqué. Il a toutefois mis en garde la gauche." La dispersion, c'est la disparition ", a-t-il conclu.