Toujours sous le choc de sa condamnation arbitraire, le militant des droits de l'Homme et néanmoins un des membres fondateurs de la Coordination nationale de défense des droits des chômeurs (CNDDC), Rachid Aouine, a animé, hier, une conférence de presse au siège de la Ligue algérienne des droits de l'Homme (Laddh), en présence de son président Me Nordine Benissad, ainsi que d'autres militants des droits de l'Homme, à l'instar de Belkacem Khencha, membre actif de la CNDDC à Laghouat, qui a également purgé une peine de prison, ou encore de Hacen Ferhati, militant dévoué à la cause des disparus de la décennie noire. Une occasion pour s'indigner, mais surtout pour dénoncer les actes de répression commis à l'encontre des activistes des droits de l'Homme à chaque fois qu'ils tentent d'exercer leurs droits citoyens. Ce qui est contradictoire aux dispositions de la Constitution qui confère à tout citoyen d'exercer ses droits, mais aussi ses devoirs, a estimé Me Benissad. Le tort de Rachid Aouine, détenu à la prison d'Oued Souf, sa ville natale, était d'avoir posté sur sa page facebook, en février dernier, un simple commentaire à travers lequel il avait appelé, ironiquement, les éléments de la police, alors en mouvement de protestation, à se joindre à la cause des citoyens dont les revendications socioéconomiques convergeaient avec les leurs. Il ne réalisait pas alors que sa proposition, aussi virtuelle soit-elle, allait constituer le délit qui lui coûtera quatre mois de prison, du 1er mars au 2 juillet 2015. "Incitation à attroupement" sera ce délit retenu contre lui par le procureur de la République. Ce que le militant dénonce aujourd'hui avec véhémence, considérant qu'il n'avait fait que réagir à une question qui préoccupait tout le peuple. Néanmoins, Rachid Aouine n'est pas dupe pour ne pas réaliser que son interpellation puis son emprisonnement étaient une manière de l'isoler de la société et étouffer le militant qu'il est depuis déjà plusieurs années. La première révolte de Rachid Aouine remonte au début des années 2000 lorsqu'en tant que douanier, affecté à la frontière algéro-tunisienne, il avait, après avoir découvert le pot aux roses, dénoncé l'exportation frauduleuse de gaz naturel, sous la protection de hauts responsables algériens, vers le voisin de l'Est. Licencié, il n'a cessé, depuis, de militer pour les droits des chômeurs et les droits de l'Homme en général. Un autre délit relatif à "l'atteinte à une institution nationale" a été retenu contre lui pour avoir diffusé une vidéo d'une scène filmée à Oued Souf témoignant d'une intervention violente des éléments de la gendarmerie lors d'une opération de délogement dans une bourgade limitrophe du chef-lieu de la wilaya. Désormais, Rachid Aouine ne revendique pas plus que sa réhabilitation et le recouvrement de ses droits citoyens. Une revendication partagée par les représentants de la Laddh qui regrettent de voir ce militant pour ses droits citoyens être traité de "criminel" ! Nordine Benissad n'a pas mâché ses mots pour qualifier l'actuel code pénal de similaire à celui de l'époque coloniale... F.A