C'est un manager à la fois comblé par les performances de sa “boîte” et peiné par “les tentatives d'abattre l'homme porteur d'idées” qui le ciblent qui s'est exprimé hier devant un parterre de journalistes, à Constantine. En effet, le P-DG de la Badr est apparu fâché contre ses détracteurs qui usent même de lettres anonymes pour abattre “le porteur d'idées” qu'il est, pour reprendre ses mots, sans aller dans le détail. Mais, les traits de l'homme en disaient, l'espace d'une conférence de presse, long sur la portée des coups portés à son honneur. Ainsi, M. Farouk Bouyacoub a abordé avec la presse locale plusieurs questions. Côté événement économique, à l'instar des autres banques publiques, la Badr a diminué d'un demi-point le taux d'intérêt pratiqué à compter du 1er janvier. M. Bouyacoub a, toutefois, ajouté que sa banque réserve pour les prochains jours d'autres bonnes surprises. Il semble que la Badr compte continuer à jouer son rôle de locomotive dans “la casse” des taux d'intérêt qu'elle a inaugurée en 2000. La situation de la trésorerie des banques publiques, en surliquidités, est propice pour de nouveaux nivellements par le bas du “loyer des crédits”. D'ailleurs, sur la ligne de crédit italienne, la Badr applique le taux de 3,5% qui reste, selon les spécialistes, le seuil en deçà duquel toute autre diminution serait inopportune étant donné que, corrigé par le taux d'inflation, elle serait équivalente à une perte. Sur l'opportunité d'une économie de marché avec une prédominance des banques publiques et sur le risque de voir le statut public de la Badr influer négativement sur les efforts de son développement et sa modernisation, y compris “managériaux”, le P-DG de la Badr ne voit aucune incompatibilité entre la performance et le statut public d'une entité économique. Plus, en se basant sur l'expérience française, notamment, il trouve que dans une économie où l'Etat est le premier moteur du développement économique tous azimuts, la présence de banques publiques pour soutenir cet effort est plus que nécessaire. Evoquant les informations relatives à la décision du gouvernement d'ouvrir le capital de certaines banques et de recentrer le reste, dont la Badr, sur leur métier de base, M. Bouyacoub trouve que cela n'est pas en porte-à-faux avec le développement d'autres créneaux et le ciblage d'autres secteurs d'activité. Pour étayer sa thèse, il précise que chez les grandes banques agricoles, telles que le Crédit agricole français, le portefeuille agriculture et activités rurales ne dépasse pas 24%. Enfin, le patron de la Badr a reconnu que l'environnement juridique ne permet pas au système bancaire de prendre une marge de risques pourtant admise dans une économie de marché. Comme pour l'encadrement des banques, seul un effort soutenu de formation est à même d'assurer en douceur le passage vers une économie de marché au sens propre du terme. À noter que la conférence de presse a été donnée en marge de l'inauguration de la nouvelle agence bancaire Badr type “banque assise” à Constantine. La cérémonie, qui s'est déroulée au niveau de la zone industrielle Rummel, a été rehaussée par la présence des autorités locales, dont le wali, et surtout des opérateurs économiques locaux qui ont réalisé “de bonnes affaires avec leur banque”. D'ailleurs, trois entités économiques, dont les investissements et/ou les comptes d'exploitation sont financés par la Badr, ont été visitées par le P-DG et la délégation officielle. M. K.