"Le secteur est loin d'être affecté par l'austérité. Si ce projet tarde encore à être lancé, c'est parce que l'offre financière des entreprises et groupes retenus reste trop élevée. Nous avons décidé de geler toutes les offres et d'engager des négociations avec les entreprises concernées en vue de les faire baisser", a expliqué M. Boudiaf. Annoncé en grande pompe, dans la foulée de la campagne électorale précédant le quatrième mandat du président Bouteflika, le projet de réalisation de dix grands centres hospitalo-universitaires (CHU), à travers les principales régions du pays, tarde toujours à être lancé. Le planning du ministère prévoyait le lancement, dans une première étape, de cinq projets parmi les dix annoncés, à partir du mois prochain. Si les entreprises en charge de ce premier lot dont les structures sont prévues respectivement dans les wilayas d'Alger, de Tizi Ouzou, de Tlemcen, de Constantine et d'Ouargla ont été déjà choisies, le lancement des travaux risque encore d'être reporté sin die. Ce projet ambitieux fait-il les frais de la politique d'austérité que le gouvernement s'emploie à imposer à cause de la baisse des recettes pétrolières ? Risque-t-il de passer à la trappe ? Abdelmalek Boudiaf, ministre de la Santé, réfute cette thèse. Selon lui, ce n'est pas la trésorerie de l'Etat qui poserait problème, mais bien l'offre financière des différentes entreprises retenues pour la réalisation de ces projets qu'il juge "surélevée". "La réalisation des cinq hôpitaux n'est pas remise en cause et le secteur est loin d'être affecté par l'austérité. Si ce projet tarde encore à être lancé, c'est parce que l'offre financière des entreprises et groupes retenus reste trop élevée. Son taux de surélévation dépasse les 170%. Du coup, nous avons décidé de geler toutes les offres et d'engager des négociations avec les entreprises concernées en vue de les faire baisser", a expliqué M. Boudiaf, hier, en marge d'une visite effectuée à Alger, en compagnie de la ministre de l'Education nationale, Nouria Benghebrit. Dans le cas où ces négociations, toujours en cours, n'aboutissent pas, comment réagirait le département d'Abdelmalek Boudiaf ? Le ministre, qui, visiblement, ne nourrit pas un grand espoir de voir les offres financières renégociées comme souhaité, a soutenu que de nouvelles pistes seront explorées. Autrement dit, le ministère sera contraint de revenir à la case départ et relancer de nouveaux appels d'offres (internationaux). Ce qui retardera du coup, d'au moins de quelques années, les réalisations de ces hôpitaux tant attendus. Pour rappel, les entreprises retenues pour la réalisation des cinq premiers CHU sont respectivement le groupement italien Rizzani De-Eccher/Hôpital San Rafael pour la construction du CHU d'Alger (700 lits), le groupe britannique International Hospital Group (IHG) pour celui de Tlemcen, le groupement franco-autrichien, Bouygues Bâtiment International/APHParis/Vamed Eng pour le CHU de Constantine, alors que deux groupements sud-coréens (Daewoo E&C/Heerim Architectes et Hyundai E&C/Baum Architects inc/Seoul National University/Sun medical Center) étaient choisis pour de la construction des CHU de Tizi Ouzou et de Ouargla. Au sujet du projet de loi sanitaire qui suscite des appréhensions, y compris chez certains partis politiques, à leur tête le PT, le ministre n'a, par ailleurs, pas raté l'occasion d'y apporter sa réponse. Pour lui, il s'agit bien d'un projet "consensuel" élaboré après une large concertation de professionnels et d'experts, et elle est conçue de manière à répondre aux besoins du secteur en matière de législation. "Je ne veux pas me focaliser sur les critiques exprimées par certaines parties, je confirme une fois de plus que le projet de loi sanitaire a été l'œuvre de tous les acteurs concernés ; des consultations ont été menées avec quelque 3 500 professionnels et 7 500 experts de différents secteurs. Cela dit, le présent projet peut toujours être amélioré et tous les amendements utiles sont les bienvenus", a-t-il commenté, en rappelant, au passage, que ce projet est attendu pour être examiné prochainement en Conseil des ministres avant d'être soumis au Parlement. F.A.