Une fois ces centres hospitalo-universitaires (CHU) opérationnels, le malade algérien bénéficiera de prestations qui répondent aux standards internationaux. C'est du moins l'objectif des autorités du secteur. Le ministère de la Santé s'attelle à améliorer davantage la qualité des soins et autres prestations fournies dans les établissements hospitaliers. Le département de Abdelmalek Boudiaf souhaite que le malade algérien soit accueilli dans des structures sanitaires répondant aux standards internationaux requis dans les pays les plus développés. C'est dans cette optique que la tutelle a décidé de construire 10 nouveaux centres hospitalo-universitaires répartis à travers diverses régions du pays. La mission a été confiée à l'Agence nationale de gestion des réalisations et d'équipement des établissements de santé (Arees). Cet organisme a été mis en place en juin 2013 et a été chargé de suivre ce mégaprojet. Les wilayas bénéficiaires ont été d'ores et déjà identifiées. Il s'agit, dans une première étape, d'Alger, Tizi Ouzou, Constantine, Tlemcen et Ouargla. À l'issue de l'appel de présélection lancé auparavant, plus de 250 cahiers des charges ont été retirés dont seulement 35 opérateurs intéressés se sont manifestés. De ces 35 candidats, explique le directeur général adjoint de l'Arees, Anisse Bendaoud, 10 ont été sélectionnés puisqu'ils remplissent les conditions exigées dans le cahier des charges. Le choix pour lequel a opté le ministère de tutelle est la réception de ces établissements clefs en main, seules les entreprises de renommée mondiale et qui ont fait leurs preuves dans ce domaine ont été retenues. Dans cette short-list, chaque société ou groupe spécialisé ou consortium désigné doit, de ce fait, précise M. Bendaoud, s'occuper à la fois des études, de la réalisation, des équipements et de la gestion des CHU pendant 5 années. Ainsi, le projet du CHU de Tlemcen, d'une capacité de 500 lits, a été attribué au groupe britannique International Hospital Group, IHG. Le groupement italien, Rizzani De-Eccher/Hôpital San Rafael se chargera de la construction du CHU d'Alger qui sera doté de 700 lits. Le centre hospitalier de Constantine (500 lits) sera réalisé par le groupement franco-autrichien Bouygues Bâtiment International/ APHParis/Vamed Eng. Le sud-coréen Daewoo E&C s'est associé avec Heerim Architectes pour l'édification du CHU de Tizi Ouzou qui disposera d'un espace pour 500 lits. Le projet de Ouargla, d'une même capacité, sera l'œuvre du groupement Hyundai E&C/Baum Architects inc/Seoul national University/Sun medical Center. Des hôpitaux clés en main Les dirigeants de l'Arees ont donc pris comme référence les propos tenus par le ministre de la santé, au début du mois de décembre dernier, selon lesquels les projets de réalisation de ces CHU seront attribués à "des entreprises étrangères d'envergure internationale et cumulant une expérience importante dans ce domaine". Compte tenu de l'urgence qui caractérise la réalisation de ces CHU, les marchés ont été attribués de gré à gré à ces groupements qui, selon le DGA de cette agence, ont commencé à travailler sur l'aspect médical et les études architecturales de ces projets. Ils se sont, en fait, penchés sur les volets ayant trait à l'organisation de l'hôpital, les spécialités à intégrer en fonction de la spécificité de la wilaya voire de toute la région. Le choix des 5 wilayas n'est pas fortuit d'autant plus que si l'on met ces CHU sur la carte géographique, l'on constatera que tout le territoire national est couvert. Car, le CHU a une vocation et un impact régional et sa portée ne touche pas uniquement le territoire de la wilaya. Dans l'élaboration du cahier des charges, affirme Anisse Bendaoud, trois aspects principaux ont été pris en considération. L'Arees a, dans le cadre de la concrétisation de ces projets, reçu des instructions de la part du ministère de la Santé pour que les normes internationales soient appliquées, les équipements et le système de gestion intégrée soient de qualité et que la formation dans les domaines d'ingénierie hospitalière et autres soit dispensée par les entreprises réalisatrices. Condition posée d'ailleurs par l'agence à tous ces groupements. Il y a lieu de souligner que le délai fixé pour la réception des 5 CHU est de 40 mois dès l'approbation des études préliminaires. Il est fort probable que les travaux de ces établissements soient achevés au plus tard en 2019. Toutes les assiettes de terrain sur lesquelles seront bâties ces structures hospitalières, estime M. Bendaoud, ont été dégagées par les collectivités locales concernées. Une fois les cinq années de gestion de ces CHU par ces groupements terminées, le personnel algérien formé prendra le relais. "Ces projets s'inscrivent en droite ligne avec la politique de santé prônée par le ministre de la Santé qui ne lésinera pas sur les moyens pour améliorer la prise en charge sanitaire du citoyen et de moderniser au mieux le système de santé en Algérie", tient à préciser le tout jeune mais ô combien compétent DGA. Pour ce responsable, l'objectif recherché n'est pas de réaliser un bâtiment qui fera office de CHU, mais de concevoir et de construire un hôpital au sens propre du terme. Des questions somme toute légitimes peuvent être posées quant à la capacité d'accueil, jugée insuffisante, de ces CHU qui se situent entre 500 et 700 lits. Reconstruction des 14 CHU existants M. Bendaoud répond : "Certes, ces capacités apparaissent moindres en comparaison aux établissements disposant de plus de 1 000 lits. Or, nous avons opté pour une conception moderne de ces CHU, fondée sur un système de soins ambulatoires et une mutualisation des moyens mis en place. Autrement dit, dans un même bloc, un seul plateau technique, composé de divers appareils et équipements prendra en charge les patients selon leurs diverses maladies. En termes plus clairs, un seul et même lit, par exemple, peut être utilisé par plusieurs malades des différentes spécialités". Ce qui va permettre aux gestionnaires de réduire le séjour des hospitalisations des malades et un gain considérable en finances notamment pour le budget de l'hôpital et les caisses de la Sécurité sociale. Par ailleurs, l'Arees n'attendra pas à ce que cette première étape soit entièrement achevée pour lancer les chantiers des cinq autres CHU prévus dans les wilayas de Béjaïa, Batna, Béchar, Sidi Bel-Abbès et Annaba. La création de ces nouveaux pôles de santé performants et de haute qualité permettra non seulement d'améliorer le service public de santé, mais contribuera aussi au développement de la formation et de la recherche dans ce domaine en Algérie. Confier la gestion de ces CHU pendant les 5 premières années aux étrangers ne veut aucunement dire que ces établissements seront privatisés. Il n'a jamais été question de privatisation du secteur de la santé. La gratuité de la santé est par conséquent un acquis pour le peuple algérien. Parallèlement à cette action d'envergure, l'Arees va reconstruire les 14 hôpitaux existants qui datent de l'époque coloniale. Ne voulant pas faire du neuf avec du vieux, la tutelle a préféré démolir et rebâtir ensuite ces établissements dont les bâtiments, l'organisation et le système de gestion ne répondent plus aux standard mondiaux. La démolition et la reconstruction se feront selon des méthodes modernes, avoue M. Bendaoud. L'agence choisit le procédé "tiroir" qui consiste, révèle notre interlocuteur, en la destruction de la structure par parties. À la place de chaque partie démolie, un bâtiment de plusieurs étages qui abritera plusieurs spécialités, sera construit. Les autres parties seront ainsi détruites au fur et à mesure, pour se retrouver en fin de parcours avec un hôpital flambant neuf, bâti suivant les normes internationales. Paraphrasant le ministre de la santé, Anisse Bendaoud soutient mordicus que l'Etat est disposé à mettre tous les moyens financiers nécessaires pour la réussite de cette opération. Quant au respect des délais impartis, le DG adjoint de l'Arees estime que si le temps nécessaire était donné aux études, le planning tracé pour la réalisation sera respecté... B K Nom Adresse email