Exploitant les tergiversations des Occidentaux sur l'avenir du président syrien, Bachar al-Assad, la Russie assure qu'un soutien à ce dernier est le seul moyen de mettre un terme à une guerre, qui a fait plus de 240 000 victimes. Après avoir renforcé sa présence militaire en Syrie, Moscou s'attelle à mettre en place un processus de négociations pour résoudre la crise syrienne, qui devrait aboutir à une réunion en octobre d'un "groupe de contact" sur la Syrie avec la Russie, les Etats-Unis et les pays de la région, dont l'Iran et l'Arabie saoudite, considérés comme les "principaux acteurs" de ce conflit. Ainsi, Vladimir Poutine s'est replacé de manière spectaculaire au centre du jeu sur la Syrie, prenant de court les Etats-Unis, qui ont décidé de tenter la carte du dialogue avec le président russe. Tout en optant pour la voie diplomatique en proposant une coalition avec les pays de la région, Moscou a sensiblement augmenté la présence militaire russe dans le pays. Washington a, selon Ben Rhodes, un proche conseiller de Barack Obama, reconnu que la Russie a tenu ses engagements et joué un rôle constructif sur le dossier nucléaire iranien, contrairement au dossier ukrainien où "les actes ont rarement suivi les mots". Par ailleurs, un autre haut responsable du département d'Etat américain a affirmé : "Nous sommes juste en train de commencer à essayer de comprendre quelles sont les intentions de la Russie en Syrie et en Irak, et d'essayer de voir s'il y a des moyens de trouver une issue bénéfique." Cela étant, le vice-ministre des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov, cité par l'agence Ria Novosti, a déclaré que "quatre groupes de travail doivent être formés à Genève et la rencontre du groupe de contact incluant les principaux acteurs, je pense, se réunira en octobre après la session de l'Assemblée générale de l'ONU". Ces déclarations, qui interviennent quelques heures avant le discours de Vladimir Poutine à l'ONU où le chef de l'Etat russe devait dévoiler son plan pour la Syrie, montrent que la Russie entend s'imposer comme une partie incontournable, voire centrale, dans la résolution de la crise syrienne. Selon le vice-ministre russe, qui a formulé le vœu que cette réunion du groupe de contact ait lieu "aussi vite que possible", Washington, Moscou, Riyad, Téhéran, Ankara et Le Caire devraient envoyer leurs représentants. Mikhaïl Bogdanov a précisé que "le niveau (de représentation) n'a pas encore été décidé. Je pense que cela peut être un travail à plusieurs niveaux, au niveau des experts, des vice-ministres ou des ministres même, si nécessaire". Le médiateur de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, devrait également participer à cette réunion, après s'être déjà réuni en septembre avec les chefs des quatre groupes de travail thématique entre Syriens mis en place par les Nations unies en vue de relancer les négociations. Ces quatre groupes de travail constituent le fondement de la nouvelle approche proposée fin juin par l'émissaire onusien pour faire la paix en Syrie, alors que les deux conférences de Genève sur la Syrie n'ont pas permis de mettre fin au conflit. M. T.