L'émissaire onusien dispose de peu de temps pour achever la première phase du dialogue inter-libyen, par la formation d'un gouvernement d'union nationale en Libye. C'est aujourd'hui que le Congrès général national (CGN, Parlement parallèle de Tripoli) décidera de la liste des noms de candidats au poste de Premier ministre dans le futur gouvernement d'union nationale, a rapporté hier la chaîne libyenne Al-Nabaa News, citant des sources proches du dossier. Les représentants du CGN se sont rendus lundi à Skhirat (Maroc) pour poursuivre les discussions avec le Parlement reconnu de Toubrouk, sous l'égide de l'ONU, représentée par son émissaire Bernardino Leon, dont la mission est arrivée à une étape décisive. Il revient en effet à Bernardino Leon de désigner le futur Premier ministre, comme cela avait été mentionné dans le texte de l'accord de paix qu'il a lui-même proposé, sur la base des propositions de tous les acteurs de la crise libyenne. Mais cette mission s'annonce déjà difficile, car il sera question aussi de désigner le futur chef militaire au sein de l'armée libyenne, dans le cadre de ce dialogue inclusif inter-libyen. Ce qui risque de provoquer des tensions, d'autant qu'une partie des Libyens, notamment les islamistes de Fajr Libya qui contrôlent Tripoli, cherche à exclure le général à la retraite Khalifa Haftar du processus de transition. L'ancien général, sous le régime du défunt guide libyen Mouammar El-Kadhafi, occupe actuellement le poste de chef d'état-major au sein de l'armée loyale au gouvernement exilé à Tobrouk. Il dirige également l'opération al-Karama (la dignité, ndlr) qu'il a lancée en mai 2014 pour arracher la ville de Benghazi (nord-est) des mains d'Ansar al-Charia, la branche libyenne d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Bien qu'Ansar al-Charia ne veuille pas s'allier à la branche libyenne de l'organisation terroriste autoproclamée Etat islamique (Daech) dans sa lutte contre l'armée loyale au gouvernement de Tobrouk, ce mouvement contribue à l'affaiblissement de Khalifa Haftar sur le terrain, menaçant ainsi de l'affaiblir sur le plan politique. Une donne qui arrange les dirigeants de Fajr Libya, dont la stratégie est d'éliminer, entre autres, Khalifa Haftar afin de négocier en position de force à Skhirat. Car tout va se jouer dans cette dernière phase qui n'est qu'une étape introductive au processus de parachèvement du dialogue de paix initié par l'ONU, pour sortir la Libye de la crise et éviter la scission de ce pays voisin ainsi que le chaos sécuritaire dans toute la région. Parallèlement, dans sa course contre la montre, l'émissaire onusien essaie d'aboutir à la formation du gouvernement d'union nationale avant le 20 octobre, date à laquelle s'achèvera le mandat officiel du Parlement libyen reconnu par la communauté internationale. Pour éviter toute mauvaise surprise et un éventuel revirement de dernière minute de la part de Fajr Libya, Bernardino Leon tente donc de peser de tout son poids pour achever la première étape du dialogue inter-libyen avant cette date, en dépit de la décision de Parlement de Tobrouk de prolonger son propre mandat, et ce, jusqu'à l'élection d'un nouvel organe législatif, comme l'ont rapporté les médias libyens, citant son porte-parole Faraj Bouhachem. "Le mandat du Parlement sera prolongé jusqu'à l'élection d'un nouvel organe législatif conformément à la Constitution définitive du pays", a-t-il déclaré. L. M.