Le gouvernement libyen, internationalement reconnu, semble déterminé à reprendre le contrôle de la capitale Tripoli, où son armée mène depuis près de deux semaines une vaste opération de reconquête de la capitale, actuellement occupée par la milice islamiste Fajr Libya. Selon le chef d'état-major des forces armées libyennes, Khalifa Haftar, Tripoli sera libérée dans deux semaines, même si ce délai paraît trop court. Néanmoins, l'intensité des combats confirme la volonté du gouvernement de transition, domicilié à Tobrouk (Est), à reprendre Tripoli le plus vite possible. Les combats se sont d'ailleurs intensifiés, notamment, depuis vendredi, dans les localités périphériques de la capitale, plus précisément dans la ville-clé d'al-Azizia, al-Saïdia et al-Nassiria. Ces trois positions stratégiques ont été reconquises par l'armée libyenne, au terme d'un long vendredi de combats avec les membres de Fajr Libya. Aucun bilan officiel n'est encore disponible, mais des sources proches des deux parties ont fait part d'importants dégâts matériels. Fajr Libya aurait même subi d'importantes pertes humaines et matérielles, selon la presse libyenne. Les affrontements ont repris, hier matin à l'aube, et se sont poursuivis toute la journée. Parallèlement aux combats terrestres, l'aviation de Khalifa Haftar a bombardé les positions des milices islamistes, proches de Fajr Libya, à Ghayran, à environ 83 km au sud-ouest de Tripoli, a rapporté l'agence de presse libyenne, sans donner plus de précisions sur les visées de ces raids. Mais selon al-Hadeth, un quotidien local en ligne, l'aviation de Haftar a mené trois raids sur des entrepôts de stockage d'armes, de munitions et des casernes des miliciens relevant de Fajr Libya. Fajr Libya affaibli ? Appuyé par d'autres milices, Fajr Libya contrôle Tripoli depuis septembre, à l'issue de deux mois de violences face à sa rivale de la tribu Zenten (160 km sud-ouest de Tripoli). Mais les dissensions et les rivalités politiques, au niveau du Congrès général national (CGN) et du gouvernement d'Omar Slimane al-Hassi, l'ont déstabilisé. L'ancien président du CGN a été poussé à quitter son poste de Premier ministre du gouvernement parallèle, après la menace de démission collective d'une majorité des membres de son exécutif. Il a été remplacé par Khalifa al-Ghowel, un membre influent du CGN. C'est ce qui explique, en partie, le lancement de l'opération militaire par le gouvernement d'Abdallah al-Theni, domicilié à Tobrouk (Est), sous la direction de Khalifa Haftar, l'ennemi numéro un des islamistes libyens. M. Haftar avait lancé, en mai dernier, son offensive al-Karama à Benghazi, avant de l'étendre aux provinces voisines, pour freiner l'avancée de Fajr Libya du côté ouest et celle d'Ansar al-Charia (proche d'al-Qaïda) du côté Est. Au lendemain de sa désignation par le Parlement élu de Tobrouk, à la tête des forces armées libyennes régulières, les analystes ont averti sur un risque d'une aggravation des violences armées à travers la Libye. Cette nomination avait coïncidé avec le lancement du dialogue inter-libyen à Genève, sous l'égide de l'ONU. Ce qui a fait prédire aux observateurs de la scène politique libyenne un éventuel échec du processus de discussion, toujours en cours. Occupé à restructurer ses instances politiques, Fajr Libya continue à résister aux assauts des soldats de Haftar et elle n'a affiché, pour le moment, aucune intention de se retirer du processus de discussions de paix. L. M.