L'implication des milices dans le dialogue interlibyen est plus qu'une nécessité pour sortir la Libye de la crise, a estimé Bernardino Leon, l'envoyé spécial de l'Onu. Au premier jour d'un nouveau round du dialogue interlibyen à Genève, la formation d'un gouvernement d'union nationale en septembre, comme l'a souhaité l'émissaire onusien en Libye, semble improbable. La raison : la coalition de la milice islamiste Fajr Libya (Aube de la Libye), qui contrôle la capitale Tripoli, ne compte pas signer l'accord de paix de Skhirat sans la prise en compte de ses revendications. Des revendications liées à la participation des membres de cette coalition de milices au pouvoir législatif, au sein des autorités de transitions, représentées par le gouvernement (internationalement reconnu) du Premier ministre Abdallah al-Theni et l'Assemblée nationale élue, dont les sièges sont implantés à Tobrouk. Des membres de Fajr Libya, aux liens avérés avec les islamo-conservateur turcs, du président Reccep Teyyip Erdogan, sont aussi opposés à toute implication de l'ancien général à la retraite, Khalifa Haftar, en guerre contre les islamistes depuis mai 2014, mais également accusé de crimes contre les civils à Benghazi, où il mène une bataille contre la tentative d'implantation de l'organisation terroriste autoproclamée Etat islamique en Libye. "Il n'y aura aucun accord si le général Haftar doit diriger une armée en Libye", a déclaré hier Mohammad Ali Abdallah Addarrat, président du parti du Front national libyen, qui siège au Conseil général national (CGN, Parlement de Tripoli non-reconnu). Ces exigences politiques de Fajr Libya ne sont en réalité qu'un moyen de gagner du temps jusqu'au mois d'octobre qui marquera la fin du mandat des autorités libyennes légitimes aux yeux de la communauté internationale. à cette date, en effet, la Libye sera sans gouvernement légitime. L'équipe gouvernementale d'Abdallah al-Theni sera dans la même situation d'illégalité que celle du gouvernement parallèle de Tripoli, dirigé par Fajr Libya. Ce qui signifie que les cartes seront inévitablement redistribuées équitablement entre les différents acteurs politiques libyens et aucun ne pourra revendiquer une quelconque légitimité en dehors des urnes. Mais, c'est à ce niveau que de nouveaux problèmes pourraient se poser aussi bien pour les Libyens que pour la médiation internationale. Cela explique, en partie, l'empressement de Bernardino Leon à achever la première phase du dialogue interlibyen, en mettant en place un gouvernement d'union nationale qui aura la charge d'organiser de nouvelles élections, sur la base d'une nouvelle Constitution, en cours d'élaboration. L.M.