L'annonce de la formation d'un gouvernement libyen d'unité nationale par l'envoyé personnel du SG de l'ONU, Bernardino Leon, dans la nuit de jeudi à vendredi à Skhirat au Maroc, constitue-t-il un pas en avant vers le règlement de la crise libyenne ? La difficulté à conclure cet accord et le temps que cela a pris pour y arriver laisse penser que le terrain n'est pas totalement déblayé pour sortir de la crise, d'autant plus que la situation sécuritaire sur le terrain est des plus compliquées. Il n'en demeure pas moins qu'il s'agit d'un pas très important en avant, qui pourrait amener la Libye vers un retour à la paix, pour que les signataires de l'accord confirment toute leur bonne volonté. "Après une année d'efforts déployés dans ce processus avec plus de 150 personnalités libyennes représentant toutes les régions, le moment est enfin venu pour que nous puissions proposer la formation d'un gouvernement d'unité nationale", a déclaré Bernardino Leon au cours d'une conférence de presse à Skhirat, au Maroc, où des négociations avaient repris lundi entre les deux parties libyennes. "Beaucoup de Libyens ont perdu la vie et autant de mères en ont souffert. Aujourd'hui, près de 2,4 millions de Libyens ont besoin d'aides humanitaires", a souligné l'émissaire onusien pour la Libye (Minul). "Nous sommes convaincus que la composition de ce gouvernement peut réussir (...) Les Libyens doivent saisir cette chance historique pour sauver la Libye", a ajouté Bernardino Leon. Ainsi, le gouvernement libyen d'unité nationale sera présidé par Fayez el-Sarraj et trois vice-Premiers ministres : Ahmad Meitig, Fathi el-Mejbri et Moussa el-Koni. À signaler que plusieurs candidats pour les différents ministères ont été proposés ainsi que pour les postes-clés tels que le Conseil d'Etat (Abderrahmane Swehli) et le Conseil de la Sécurité nationale (Fathi Bashagha). Selon l'émissaire des Nations unies, les deux parties principales du dialogue politique libyen, la Chambre des représentants libyenne (Parlement de Tobrouk) et le Congrès national général (CNG) de la Libye (Parlement de Tripoli) doivent parvenir à un consensus sur la liste du conseil présidentiel d'ici la fin de la semaine en cours. Réagissant à cet évènement, le secrétaire général de l'ONU a salué dans un communiqué publié hier par son porte-parole, Stephane Dujarric, la formation du nouveau gouvernement libyen d'unité nationale, exhortant les dirigeants libyens à ne pas gâcher cette opportunité de remettre le pays sur la voie de la reconstruction d'un Etat. Ban Ki-moon a fait l'éloge des participants au dialogue inter-libyen pour avoir conclu un texte final d'accord politique après de larges consultations globales. "Il est temps aujourd'hui pour les participants au dialogue politique de valider cette proposition et de signer l'accord sans attendre", a ajouté le communiqué de l'ONU. À noter que Federica Mogherini, chef de la diplomatie de l'Union européenne, s'est félicitée de l'aboutissement de ce processus, saluant les négociateurs libyens qui ont fait preuve de responsabilité, de leadership et d'esprit de consensus à un moment crucial de l'histoire de leur pays. "L'Union européenne soutient entièrement ce texte final et les hauts responsables du gouvernement d'unité nationale auxquels incombe maintenant la responsabilité de la composition du nouveau gouvernement et de la mise en œuvre des termes de l'accord", a-t-elle précisé. "Nous attendons des parties libyennes qu'elles entérinent cet accord qui répond aux aspirations de paix et de prospérité du peuple libyen. Pour sa part, l'Union européenne est prête à offrir son appui politique et financier — à hauteur de 100 millions d'euros — au nouveau gouvernement", conclut-elle. M. T.