Pour son trentième anniversaire, le Festival international du film francophone de Namur (FIFF), qui s'est tenu du 2 au 9 octobre, a présenté plus de 150 films. Tout en ameutant les célébrités francophones, les programmateurs ont misé sur la jeunesse. Cette nouvelle édition a comporté une très forte touche maghrébine. Comme chaque année, le festival porte la touche algérienne, et non des moindres. Deux films : Des Apaches, de Nassim Amaouche, et Mon roi, de Maïwenn Le Besco. Ces deux Franco-Algériens sont programmés dans, respectivement, la compétition internationale et Regards du présent. Après le succès de son premier long métrage Adieu Gary (2009), Nassim Amaouche revient avec un nouveau film qui explore la communauté kabyle parisienne tout en mettant en évidence les valeurs ancestrales en vigueur en Kabylie. Ces dernières ont même laissé Karl Marx perplexe. Finalement, la présence des deux stars françaises Laetitia Casta et André Dussollier n'a pas vraiment apporté un plus à l'historie, sinon ajouté un côté glamour au film. Maïwenn, de son côté, signe une histoire purement française. Elle a fait vivre à Vincent Cassel et Emmanuelle Bercot une relation d'amour ponctuée de soubresauts violents. Quelques égarements mis à part, le film se veut une exploration aussi bien des relations humaines que de la psychologie du protagoniste, campé par la comédienne française, récompensée lors du dernier Festival de Cannes. Maïwenn, lors de son passage à Namur, a profité pour exprimer aux journalistes sa fierté de porter la culture algérienne. La Tunisie est représentée surtout par Layla Bouzid qui a offert À peine j'ouvre mes yeux, déjà vu au Festival de Venise, qui a laissé les critiques mitigés. À travers cette première œuvre, après deux courts métrages, Soubresauts (2011) et Zakaria (2013), la jeune Tunisienne propose une histoire d'amour très sensuelle sur fond de la violence précédant la chute du dictateur Ben Ali. Alors que la plupart des réalisateurs tunisiens se sont intéressés essentiellement, jusque-là, aux conséquences qui ont suivi le soulèvement des Tunisiens, Layla Bouzid s'est intéressée, quant à elle, à un groupe de musiciens vivant les derniers jours de la dictature. Bien que le film soit ponctué de moments aussi forts que poétiques, et merveilleusement porté par la jeune comédienne Baya Medhaffar, l'histoire racontée souffre de manque d'épaisseur. Ce film rappelle un autre film égyptien, en l'occurrence Microphone, signé par Ahmed Abdellah, qui a été réalisé avant la chute de Moubarak. Du côté marocain, c'est Much Loved de Nabil Ayouche qui a occupé le devant de la scène en effaçant du coup, et injustement, Les Poissons du désert qui mérite un grand intérêt. Ce court métrage signé Alaa Eddine Aljem aborde l'amour entre une mère et son enfant qui a une passion insolite : pêcher des poissons dans un désert. Une fable à l'accent western. T. H.