"La pose de dos d'âne doit faire d'abord l'objet de l'approbation de la commission de circulation de la wilaya d'Alger, seule habilitée à repérer d'abord le lieu et émettre son aval pour la pose et l'installation d'un ralentisseur." Les services des travaux publics de la wilaya d'Alger semblent déterminés à en finir une bonne fois pour toutes avec les dos d'âne à l'apparence filiforme et tantôt massifs qui jonchent les routes de la capitale ! Mais que l'on se rassure, puisqu'il s'agit uniquement de ces dos d'âne maladroitement conçus d'inégales aspérités en ciment au lieu des matériaux de bétons bitumeux et hydraulique. "Il en ressort un inventaire de 1440 dos d'âne érigés ici et là dans les quartiers de la capitale, mais qui demeurent cependant en deçà des normes du modèle type requis", avait déclaré un représentant de la wilaya sur les ondes de la Chaîne III. Décodé, n'est pas constructeur de dos d'âne qui veut ! Alors, pour mettre fin à l'anarchie ambiante, les structures des travaux publics envisagent de recouvrer cette prérogative qui était la leur. Pour mieux étayer son projet, le service de la voirie d'Alger envisage même la correction de l'intégralité de ces cas de vices de conformation. "D'après le principe qui sert de règle à la pose d'un modérateur de vitesse dans des zones où la vitesse est limitée à 30 km/h, un dos d'âne ne saurait excéder plus de 4 m de long et 10 cm de hauteur. Autre dimension, le dos d'âne se doit d'avoir une arête lisse dite d'«attaque» qui soit en dessous de 5 mm pour ne pas abîmer le train pneumatique du véhicule", a déclaré en outre l'orateur, qui a tenu à rappeler l'impératif de satisfaire aux exigences de l'arrêté interministériel du 9 avril 2006 qui précise la nature, l'aspect, les mensurations ainsi que les prescriptions techniques des ralentisseurs de type trapézoïdal pour permettre l'écoulement des eaux pluviales. Mais qu'en est-il au juste de la réalité d'un terrain livré à l'humeur de ses habitants, si ce n'est l'irrespect à l'encontre des obligations contenues dans l'arrêté ministériel du 10 juin 2007 qui stipule que la construction d'un dos d'âne est ordonnée par le wali, seul territorialement compétent, et sa réalisation est du ressort de l'APC, sous l'œil attentif du staff de la subdivision des travaux publics ? Or la réalité est tout autre, notamment à Alger, où les dimensions d'un dos d'âne obéissent beaucoup plus à l'emporte-pièce qu'à l'œil expert du maçon. Du reste, la dangerosité de ces dos d'âne n'est plus à démontrer sur l'usure des accessoires mécaniques en liaison directe avec le sol ainsi que le danger auquel sont confrontés le conducteur et ses passagers. Pis, au lieu qu'il coopère à atténuer la verve du chauffard en mal de sensations fortes et à endiguer un tant soit peu l'hécatombe sur nos routes, le dos d'âne est devenu de l'avis du contribuable ce péril additionnel qui endeuille les familles. Pour l'exemple, les panneaux de signalisation qui devraient en faire état sur nos routes sont rares, pour ne pas dire inexistants. En ce sens, il était temps que l'autorité s'aperçoive enfin de la dangerosité de ces dos d'âne et surtout du "vide" laissé sciemment à l'enthousiasme des habitants des cités de banlieues d'Alger, où la construction de dos d'âne est devenue un sport national. C'est le cas de la hideuse cité de Aïn Naâdja, où d'"imprudents" dos d'âne en ciment et aux arêtes inquiétantes ont été construits selon l'élu municipal Bezoui Ould Saïd par l'opérateur Cosider sur le tronçon adjacent à la station de transport urbain et au chantier du métro d'Alger. "La pose de dos d'âne doit faire d'abord l'objet de l'approbation de la commission de circulation de la wilaya d'Alger, seule habilitée à repérer d'abord le lieu et d'émettre son aval pour la pose et l'installation d'un ralentisseur. D'ailleurs, c'est le cas de la sécurisation des abords de 33 écoles de Aïn Naâdja qui ont été dotées de ralentisseurs en caoutchouc et qu'il nous faut remplacer au plus vite en raison de leur vétusté", a déclaré Bezoui Ould Saïd, le vice-président chargé de l'environnement à l'APC de Gué de Constantine. Ainsi et comme si le désordre de l'informel qui génère le fatras de bric-à-brac sur la voie publique ne suffisait pas au malheur des automobilistes, voilà que l'on rajoute des ralentisseurs afin de mieux freiner le trafic sur le boulevard Mohamed-Boudiaf à Gué de Constantine. Autre innovation, l'établissement Epic Asrout est chargé à l'avenir de repérer et de se prononcer sur l'utilité de la pose de ralentisseurs, a conclu notre interlocuteur. S'agissant d'Alger-Centre, l'édification de dos d'âne est contrôlée et reste du ressort exclusif des services techniques de la wilaya d'Alger. C'est dire que le grotesque reste l'apanage unique des cités de banlieue, où l'on érige des dos d'âne à tout bout de champ, sans que l'autorité ne s'émeuve de la dégradation de la voie publique et de l'inconfort que cela procure aux usagers de la route. L. N.