Moscou et Washington peuvent « trouver des domaines de coopération » sur la Syrie si la Russie, qui a renforcé sa présence militaire sur place, ne cherche pas juste à défendre le président Bachar al-Assad, a estimé jeudi le secrétaire américain à la Défense Ashton Carter. « S'il s'agit juste de mettre de l'huile sur le feu de la guerre civile, ce serait en revanche non-productif », a-t-il ajouté. Poutine qui devra aussi faire un discours à la tribune de l'ONU, une première en dix ans, plaidera pour une coalition élargie à l'armée de Assad pour combattre Daech en Syrie. « Il n'y a pas d'autre solution à la crise syrienne que de renforcer les structures gouvernementales et de les aider dans le combat contre le terrorisme », a-t-il fait valoir dans une interview à la chaîne américaine CBS. Interrogé lors de l'émission 60 Minutes si la montée en puissance militaire russe en Syrie visait à « sauver » Bachar el-Assad, le locataire du Kremklin a répliqué : « Eh bien, vous avez raison ». L'activisme russe, diplomatique et militaire, semble de fait apporter ses fruits : plusieurs capitales ont publiquement envisagé ces derniers jours d'inclure le président syrien dans la recherche d'une solution au conflit. La chancelière allemande, Angela Merkel, a estimé pour la première fois publiquement qu'il fallait parler avec lui pour résoudre la crise syrienne. « Il faut parler avec de nombreux acteurs, et cela implique Assad, mais il y en a d'autres », a-t-elle affirmé, citant également les alliés de Damas, la Russie et l'Iran. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a aussi concédé jeudi que le président syrien pourrait faire partie d'une période de transition. « Il est possible que ce processus (de transition) en Syrie se fasse sans al-Assad, comme ce processus de transition peut se faire avec lui », a-t-il estimé devant la presse. Le chef de la diplomatie française Laurent Fabius, qui a rencontré jeudi soir à Paris ses homologues britannique Philip Hammond, allemand Frank Walter Steinmeier, et la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini pour un dîner de travail consacré à la Syrie, ne pose plus le départ du président syrien comme préalable à une négociation politique. Il croit, cependant que « Bachar al-Assad ne peut représenter l'avenir d'un peuple et d'un pays qu'il a martyrisés ». Hammond, lui, avait convenu en septembre avec le secrétaire d'Etat américain John Kerry qu'Assad devait partir mais que le calendrier était « négociable ». Dans le cadre des concertations américano-britanniques sur ce sujet, le président Obama et le Premier ministre David Cameron se sont parlé au téléphone jeudi et Downing Street a simplement rapporté qu'ils étaient « d'accord sur le fait que le nombre croissant de réfugiés fuyant (la Syrie) et la menace de Daech mettaient en évidence la nécessité de progresser sur une transition politique pour mettre fin au conflit syrien ». Par ailleurs, la conseillère d'Assad, Boussaïna Chaabane, a estimé que « le climat international actuel se dirigeait vers la détente et vers la résolution de la crise en Syrie ». Sur le terrain, un accord a été conclu pour une trêve de six mois, dans la ville rebelle de Zabadani, proche du Liban, et deux localités chiites du nord-ouest du pays, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme et une source syrienne proche des pourparlers.