La lutte contre les terroristes de l'Etat islamique (Daech) a fourni à Washington et à ses alliés une occasion en or pour tenter d'affaiblir davantage le régime syrien de Bachar al-Assad. Moscou veut recadrer les choses en réaffirmant son soutien au régime de Damas. Vladimir Poutine ne veut plus rester à l'écart de la lutte contre l'Etat islamique en Syrie et en Irak et propose un nouveau plan de lutte et une nouvelle coalition internationale, en remplacement de celle dirigée actuellement par les Etats-Unis. C'est ce qu'a rapporté hier le quotidien russe Kommersant qui a indiqué que ledit plan a été dévoilé par le ministre russe des Affaires étrangères, Serguei Lavrov, lors de la réunion qu'il a eue avec le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, et leurs homologues du Golfe à Doha, au Qatar. Ce plan est proposé pour empêcher toute ingérence américaine dans la guerre opposant le régime de Damas à l'Armée syrienne libre, le bras armé de l'opposition syrienne, dite modérée. Car, Vladimir Poutine veut une autre coalition internationale qui intègre l'armée syrienne régulière et l'armée irakienne qui s'est montrée incapable de lutter contre Daech sans l'aide des milices kurdes et sunnites, depuis juin 2014. "Il faut former une coalition regroupant ceux qui combattent sur le terrain la menace terroriste : c'est-à-dire l'armée syrienne, l'armée irakienne et les Kurdes", a déclaré Serguei Lavrov, lors de cette réunion. Sa proposition n'est pas pour arranger la stratégie américaine et ses alliés des pays du Golfe qui ont pour objectif principal de pousser Bachar al-Assad à quitter le pouvoir. Les Etats-Unis avaient refusé toute collaboration avec le président syrien dans la lutte contre Daech, lors de l'annonce de la création de la coalition internationale. "J'ai interrogé le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, à ce sujet. Quand il y a un an, les Etats-Unis annonçaient la création d'une coalition pour combattre l'Etat islamique en Irak et en Syrie, Washington avait obtenu l'accord de l'Irak mais avait décidé de ne pas demander celui de la Syrie. Nous avions alors souligné le caractère illégitime et contre-productif d'une telle approche", a rappelé le ministre russe, repris par l'agence moscovite Ria Novosti. Avec ce nouveau plan, la Russie démontre en fait qu'elle n'a pas changé d'avis, comme l'a laissé entendre le président de la Turquie, Reccip Teyyip Erdogan, quant à son soutien du régime syrien de Bachar al-Assad. Le président islamo-conservateur a affirmé à la presse d'Ankara que Vladimir Poutine était en train de changer de position quant à son soutien à Al-Assad. Ce plan russe est également une réponse à la volonté américaine de bombarder les positions de l'armée syrienne si le régime de Damas serait tenté de frapper les troupes de l'opposition qui combattent Daech. Moscou avait déjà réagi à une telle initiative qu'elle estime dangereuse, parce qu'elle menace de créer le chaos dans ce pays, engagé dans la guerre civile depuis mars 2011. Hier, le porte-parole du Kremlin, Dimitri Peskov, a affirmé que face aux inquiétudes russes concernant l'expansion de Daech dans ces deux pays, il faut aller vers une "large coopération de tous les pays" pour venir à bout de cette organisation terroriste, a rapporté Reuters dans sa version en ligne. Mais la prévalence des agendas de chaque partie constitue un sérieux blocage pour la lutte contre cette nouvelle nébuleuse terroriste islamiste. L.M.