Comme si les actualités politique, économique et sociale n'étaient pas suffisamment riches et ne lui fournissaient pas de quoi discourir devant la jeunesse du parti, réunie en conférence, hier, vendredi, à Zéralda, le secrétaire général par intérim du Rassemblement national démocratique (RND), Ahmed Ouyahia, est allé déterrer des faits passés pour construire une diatribe inopportune et injustifiée à l'encontre du fondateur du Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie (MAK) et président du gouvernement provisoire kabyle (GPK), Ferhat Mehenni, qu'il ne nomme pas, "un citoyen algérien — fils de chahid — qui représente une infime minorité d'Algériens, a eu recours aux sionistes pour demander leur aide", a-t-il accusé, ajoutant, sentencieux, que "la question ne se limite plus à la revendication d'autonomie de la Kabylie, il s'agit d'une velléité de destruction de l'Algérie". Quelle explication donner à cette sortie du premier responsable du RND, qui a surpris plus d'un d'ailleurs, tant est que la visite deFerhat Mehenni en Israël remonte à 2012, donc vieille de 3 années ? Il est fort à parier qu'elle procède d'une arrière-pensée politicienne, celle consistant à créer un abcès de fixation supplémentaire pour éluder les vrais débats auxquels la difficile conjoncture économique et l'impasse politique invitent. La recette est aussi vieille que le système politique en place : à chaque fois que le pouvoir politique se trouve acculé par une difficulté qu'il n'a pas su anticiper, il s'invente un moyen de détourner l'attention et d'occuper les esprits par le grossissement du spectre des peurs et des menaces qui pèseraient sur le pays. Comment les activités du président du GPK pourraient constituer une menace sur l'Algérie si ce dernier ne représente qu'une "infime minorité des Algériens" et que "99% des Algériens demeurent fidèles et étroitement attachés au message de Novembre et s'élèveront tel un seul homme contre toute ingérence étrangère". En se rendant à cette attaque-dénonciation du MAK, Ahmed Ouyahia introduit un élément de débat qui n'intègre pas les préoccupations prioritaires du moment au triple plan politique, économique et social. C'est à se demander si cela ne participe pas d'une entreprise de pollution du débat politique. Et les autres chapitres du discours d'Ahmed Ouyahia hier devant la jeunesse du parti permettent de le supposer. Le secrétaire général par intérim du RND n'estime-t-il pas que la transition politique réclamée par l'opposition soit aussi une menace pour le pays ? De même qu'il a considéré, parlant des commentaires ayant entouré les démembrements du DRS, qu'il y a des "lignes rouges" que personne ne doit franchir, "sous aucun prétexte". Aussi, n'est-il pas étonnant d'entendre Ahmed Ouyahia inviter tout le monde "à surveiller son langage". Pour lui, "l'Etat ne peut plus rester spectateur". D'aucuns auront compris qu'il trouve justifié que le général à la retraite Benhadid soit arrêté et mis en prison. Que ne le dit-il pas de Madani Mezrag qui a menacé publiquement le chef de l'Etat ? Apprécions ce qu'il dit à propos des sorties de Madani Mezrag. "Cette personne a fait une première déclaration, il y a eu une réponse de l'Etat. Il a fait sa deuxième déclaration, il s'est corrigé et tant mieux". No comment ! S. A. I.