Le président du Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie (MAK) franchit un nouveau cap en 2010. Ferhat Mehenni surprend tout le monde en annonçant, à partir de Paris où il s'est exilé, la création du gouvernement provisoire de Kabylie (GPK). C'était au début du mois de juin 2010. Dans un pays où les idées portant sur la régionalisation ou le fédéralisme, défendues respectivement par le RCD et le FFS, sont perçues comme des projets portant atteinte à l'Etat-Nation, le lancement d'un projet d'autonomie d'une seule région est considéré comme un séisme politique. Les réactions à l'annonce de Ferhat Mehenni ne se sont pas fait attendre. Le premier commentaire vient du Premier ministre, Ahmed Ouyahia. Interrogé par les journalistes sur le geste du MAK, Ahmed Ouyahia rétorque : «Ce n'est que du tintamarre». La démarche de Ferhat Mehenni est également critiquée par des leaders de partis politiques. Le président du RCD, Saïd Sadi, qualifie ce projet de «démarche sans issue». «Dans l'absolu, chacun est libre de lancer des initiatives qu'il estime devoir assumer. Il ne faut pas que le remède soit pire que le mal. On n'est pas là, encore une fois, pour structurer le désespoir. On est là pour construire l'espérance», déclare Saïd Sadi. Pour sa part, le président du FFS, Hocine Aït Ahmed, qualifie le geste du MAK de «menées aventureuses» et de «politique de hasard» qui «procèdent d'une même approche stratégique qui met en péril l'unité et la cohésion du pays». Mais toutes ces réactions n'ont pas intimidé Ferhat Mehenni qui continue la campagne d'explication de sa démarche. Pour lui, «ce ‘‘tintamarre'' passera bientôt du sourire narquois au rire jaune. Avec le GPK, le scandale de la violence et de la répression contre la Kabylie et le peuple kabyle ne peut que connaître son épilogue par la liberté des deux.»