Résumé : Nawel travaillait sur un nouveau roman. Elle était passionnée d'écriture et s'oubliait souvent devant son ordinateur. Même la faim n'arrive pas à la tirer de sa concentration. Pour cela, elle trouvait toujours un prétexte : elle se trouvait un peu ronde et devait faire un régime. Mais aujourd'hui la tourte de Salima l'attire comme un aimant. Quelques minutes plus tard, sa tasse à la main, Nawel revint dans sa chambre pour siroter tranquillement son breuvage chaud devant son ordinateur. L'habitude devenant une seconde nature, elle ne pensait jamais à aller s'asseoir ailleurs que devant cet écran qui pourtant la fatiguait et la rendait malade. Elle soupire. Avait-elle d'autres choix maintenant ? Cela fait des années qu'elle avait quitté son patelin natal et sa famille pour venir s'installer dans cette grande ville. Au début, c'était pour s'inscrire à la faculté. Mais à la fin de ses études, elle avait trouvé du travail dans une rédaction et avait opté pour cet appartement qu'elle partage aujourd'hui avec sa jeune sœur. Avant Salima c'étaient les autres qui étaient passés par là : Meriem, Karima, Rafik et Merouane. Tous étaient venus, tout comme elle, faire leurs études supérieures, puis étaient repartis à la fin de leur cursus universitaire. Comme elle était l'aînée d'une fratrie de six enfants, ses parents comptaient le plus sur son aide. La jeunesse aidant, elle accepta de s'occupait de chacun sans rechigner. Cependant, elle ressentait parfois une certaine amertume. Ses parents l'avaient responsabilisée alors qu'elle-même avait encore besoin de leur aide et de leurs conseils. Les années sont passées, et elle avait oublié. On l'avait oubliée. Meriem et Karima s'étaient mariées et étaient mères de famille. Rafik et Merouane avaient fondé aussi chacun de son côté une famille, avant de s'installer tous les deux sous d'autres cieux. Ses parents s'étaient rendus à La Mecque et avaient effectué leur pèlerinage. En somme, tout le monde avait trouvé son compte, sauf elle ! La dernière goutte de café avalé, elle se lève pour aller déposer la tasse dans la cuisine lorsque le carillon de la porte d'entrée retentit. C'est sûrement Salima. Elle a dû oublier sa clef. Elle s'empresse d'aller ouvrir pour se retrouver nez à nez avec sa jeune voisine de palier : -Nardjess... -Bonsoir Nawel. Je peux entrer ? -Bien sûr. Nardjess lui tendit une assiette couverte de papier aluminium : -J'ai préparé quelques beignets. Ils sont tout chauds. -Oh ! Merci ! C'est gentil à toi. -Je pourrais te préparer des gâteaux ou de la galette si tu veux. Nawel sourit : -Je suis gâtée dans ce domaine. Salima prépare plein de choses pour moi. Mais souvent c'est le bac à ordures qui les avale. -Pourquoi donc ? Tu n'aimes pas la cuisine traditionnelle ? -Si je n'aime pas ? J'en raffole. Seulement parfois je suis trop occupée pour penser à manger, et d'autres fois je préfère éviter les pâtes et les sucreries pour garder ma ligne. -Parce que tu te trouves grosse ? -Non. Mais il ne faut pas que je le devienne pour entamer un régime. Nardjess secoue la tête : -Que vais-je dire moi alors ? Nawel rit : -Tu es juste un peu ronde. Mais tu es une femme au foyer Nardjess. Cela se comprend. -J'ai eu aussi deux enfants. Elle se rembrunit : -Nawel, je voulais justement t'entretenir sur un sujet qui me préoccupe. Cela ne te dérangerait pas d'écouter une petite demeurée comme moi. -Pas du tout. Allons dans la cuisine, je vais réchauffer le café. Nardjess suit son hôtesse et se laisse tomber sur une chaise devant la table de cuisine. -Alors ? De quoi voulais-tu me parler ?, demande Nawel qui avait mis la cafetière à chauffer. (À suivre) Y. H.