Tous les efforts fournis en dix mois de négociations interlibyennes se sont envolés en fumée avec le rejet, par le Parlement reconnu de Tobrouk, de la proposition onusienne sur la formation d'un gouvernement d'union nationale. Ce qui était redouté par tous est désormais réalité. Les Libyens ne verront pas le bout du tunnel de sitôt. La sortie de crise tant espérée, qui semblait s'être dessinée à Skhirat au Maroc, après l'annonce d'un accord sur un gouvernement libyen d'union nationale par l'émissaire onusien, Bernardino Leon, s'éloigne de plus en plus avec cette inattendue décision du Parlement exilé à Tobrouk et reconnu par la communauté internationale de rejeter le plan de paix de l'ONU. "Une majorité de parlementaires a décidé lundi de rejeter les propositions (de l'ONU)", a indiqué Ali Tekbali, qui a précisé que cette décision avait été prise en session, mais sans qu'un vote ait lieu. "Il n'y a pas eu de vote puisque la majorité des membres sont contre" le plan onusien, a-t-il expliqué. Selon le député, Aïssa Laaribi, le Parlement de Tobrouk a justifié cette décision par le fait que le plan de l'ONU "ne respecte pas l'accord paraphé dans le quatrième projet" de sortie de crise en Libye. Pour rappel, l'accord de Skhirat, qui prévoyait la désignation d'un Premier ministre (Fayez el-Sarraj) et 17 ministres, devait, toutefois, être entériné par les deux Parlements pour pouvoir entrer en vigueur. En fin de compte, il n'aura pas tenu longtemps. Le rejet une première fois, pratiquement au lendemain de sa signature par le Congrès général national, Parlement de Tripoli non reconnu par la communauté internationale, est suivi par celui du Parlement de Tobrouk. Décidément, la pression exercée par la communauté internationale sur les parties en conflit en Libye, notamment par les pays voisins, n'aura eu aucun effet. Pas plus tard que lundi, des pays occidentaux et arabes, dont l'Algérie, avaient appelé les Libyens "à adopter immédiatement l'accord politique" proposé par l'ONU, le 9 octobre, et qui prévoit la mise en place d'un gouvernement d'union. Tout porte à croire que les deux autorités politiques, l'une basée à Tripoli et l'autre à Tobrouk, qui se disputent le pouvoir en Libye depuis maintenant une année, se soucient beaucoup plus de leurs intérêts que de ceux d'un pays plongé dans une insécurité grandissante. Pis encore, l'intégrité territoriale de la Libye, pourtant affichée par les deux parties comme un principe inaliénable, est plus que jamais menacée car une partition n'est pas écartée. En attendant que de nouvelles initiatives de relancer les négociations soient prises pour que la formation d'un gouvernement d'union nationale soit concrétisée, les Libyens continueront à subir les affres de l'insécurité et du terrorisme, devenus leur quotidien depuis la chute du colonel Mouammar Kadhafi, il y a quatre ans. C'est l'anarchie totale, sur fond de violents combats entre les différents groupes armés sur le terrain. M. T.