L'invitation lancée par Saddam à la CIA pour venir inspecter avec les agents de l'ONU n'a pas été du goût de l'administration Bush, qui continue à préparer la guerre. Devant les accusations répétées des Américains, sur les armes de destruction massive que détiendrait Bagdad, les responsables irakiens ont mis les Etats-Unis au pied du mur, en invitant la CIA à se rendre en Irak. Cette invitation a eu pour effet de désarçonner l'administration Bush, qui n'a pas tardé à la rejeter. Philip Reeker, le porte-parole adjoint du département d'Etat, a nuancé sa réponse, en affirmant qu'“il y a un mécanisme déjà en place au travers des Nations unies” et que “nous le soutenons”. “Le régime irakien devrait être conscient du fait qu'il y a des mécanismes de contrôle mis en place par un certain nombre de résolutions de l'ONU, y compris la 1441, et qu'il lui est demandé de s'y conformer pleinement”, a ajouté le responsable américain. L'invitation de Bagdad intervient après les affirmations américaines sur l'existence d'armes de destruction massive en Irak, et que Washington allait renseigner les agents de l'ONU sur leur emplacement. Ce à quoi un conseiller du président saddam Hussein a répondu : “Nous ne voyons pas d'inconvénient à ce que les services de renseignements américains viennent en Irak pour indiquer aux inspecteurs les sites qu'il faudrait inspecter.” Pour Bagdad, la meilleure preuve de l'inexactitude des assertions de Washington demeure les inspecteurs de l'ONU, qui après plus de 150 opérations n'ont rien découvert pour l'instant. Ce sont de “faux prétextes”, affirme Tarek Azziz, qui permettront à Washington de justifier une action militaire pour faire main basse sur le pétrole irakien d'abord, avant de viser celui de l'Iran et de l'Arabie Saoudite pour contrôler le monde et accentuer sa domination. Alors que les militaires américains s'activent tout autour de l'Irak, de hauts responsables de la Maison-Blanche relativisent la situation à l'image du secrétaire d'Etat à la défense Donald Rumsfeld, son adjoint Paul Wolfowitz et le chef d'état-major interarmes américain, Richard Myers. Dans des déclarations différentes, ils laissent entendre que le Pentagone veut maintenir la “pression militaire” mais préfère un désarmement pacifique de ce pays. Même le drône (avion sans pilote de reconnaissance) américain abattu par l'Irak ne semble pas constituer pour l'instant l'excuse tant recherchée par l'administration Bush pour attaquer Bagdad. Il y a lieu de signaler l'appel au jihad lancé par 600 dignitaires kurdes contre les “mécréants américains s'ils pénètrent le territoire des musulmans”. Cela intervient au moment où Washington soutient avoir mobilisé le peuple kurde contre le régime irakien et l'avoir convaincu d'être partie prenante dans le gouvernement après Saddam. Avec la politique “un pas en avant et deux en arrière”, adoptée depuis quelques jours par les Etats-Unis, il est impossible de se prononcer sur l'issue des préparatifs de guerre menés ces derniers jours par le Pentagone. Cela dit, les événements de 1991 montrent que les Américains ont un objectif à atteindre bien établi à l'avance, et ils réagiront au moment opportun. K. A.