La Maison de la presse de Tizi Ouzou, qui porte désormais le nom du défunt journaliste Malik Aït Aoudia, a été inaugurée et baptisée, jeudi, sur fond de protestation des journalistes locaux, qui ont tenu à exprimer leur mécontentement quant à la démarche jugée "unilatérale" du ministre de la Communication. Alors que le ministre procédait à la baptisation de l'édifice, les journalistes tenaient, silencieux, un rassemblement dans l'enceinte même de la Maison de la presse brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : "Non au mépris des journalistes", ou encore "Les martyrs vous regardent". L'action a été soutenue par l'APW dont le président, Hocine Haroun, a boycotté la cérémonie. Les journalistes locaux ont profité de la présence de la famille Aït Aoudia, qui a exprimé sa compréhension, pour lui expliquer qu'à travers cette protestation ce n'est pas le nom de leur défunt fils qui est contesté mais plutôt la démarche comme cela a été déjà expliqué dans les déclarations précédentes de l'Association des journalistes. Lors de sa conférence de presse, au siège de la wilaya, Hamid Grine, qui a, dans un premier temps, accusé l'Association des journalistes de "faire de la politique", a fini, une fois reçu l'explication, qu'il s'agissait de la défense de la mémoire des journalistes assassinés, par exprimer son regret de n'avoir pas associé la corporation locale de la presse. "Personne ne m'a dit qu'il existait une association à Tizi Ouzou. Je le regrette vraiment ! On aurait discuté et trouvé une solution ensemble. Je suis un dialoguiste et jamais quelqu'un qui a du mépris pour les journalistes. D'ailleurs, les mots que vous avez utilisés, notamment celui m'accusant d'être méprisant envers la presse, sont trop forts et font mal", a affirmé le ministre, tout en se défendant d'avoir une quelconque idée derrière la tête autre que celle de rendre un bel hommage au défunt Malik Aït Aoudia qui s'est battu, au détriment d'une belle carrière personnelle, pour défendre l'image de l'Algérie à l'étranger dans les moments difficiles. Interrogé sur l'affaire de sa fouille à l'aéroport d'Orly, le ministre a répondu que "tout est rentré dans l'ordre". Sur la fermeture de la chaîne El-Watan TV, il a rétorqué qu'"il s'agit d'une affaire close", tout en lançant un avertissement à toute autre chaîne qui oserait s'attaquer à un des symboles de l'Etat. "À l'exception de 5 ou 6 chaînes, toutes les autres sont informelles. Pour le moment, nous n'avons rien décidé à leur sujet, mais celle qui osera s'attaquer aux symboles de l'Etat sera traitée sans état d'âme", a-t-il déclaré. S'agissant de la loi sur la publicité, le ministre s'est contenté d'annoncer qu'"il y aura bientôt du nouveau" avant d'ajouter, concernant la pression financière exercée sur les journaux à travers l'Anep, que "ce n'est pas celle-ci qui choisit à qui donner la publicité, mais bien les annonceurs qui choisissent les supports en fonction de leurs plans média". S. L.