Résumé : La plage était pratiquement déserte. Nawel est fascinée par le panorama pittoresque qui s'étendait devant ses yeux. Elle se promène un moment puis s'assoit au bord de l'eau et repense à sa vie. Elle n'avait jamais eu de chance en amour, et maintenant elle s'estimait trop vieille pour rêver. Sa vie a été un véritable désastre ! Elle remarque soudain un homme qui jetait des coquillages dans l'eau. Nawel le contemple un moment, puis hausse les épaules. Il cherchait sûrement à se distraire à sa manière. Peut-être recherchait-il aussi la paix intérieure ? Son esprit échafaude tout de suite un scénario : un homme seul, qui veut vivre et s'amuser. Portait-il, tout comme elle, un fardeau sur le cœur ? Le sujet peut servir pour un prochain feuilleton. Elle soupire et se rallonge pour admirer une chorégraphie de mouettes qui, sans se lasser, tournoyaient au-dessus d'elle. Le ciel devenait de plus en plus bas. La pluie va-t-elle la surprendre ? Elle jette un coup d'œil à sa montre-bracelet et constate qu'on était presque au milieu de l'après-midi. Un petit vent frais lui fouette le visage. Elle aspire l'air à grandes goulées et tente de se détendre. Dans un moment, il va falloir quitter les lieux si elle ne veut pas être frigorifiée. Déjà, elle commençait à frissonner et resserre davantage son écharpe autour de son cou. Son portable se met soudain à vibrer, elle reconnaît le numéro de Salima et s'empresse de décrocher : -Quelque chose ne va pas ? -Tout va bien. Je m'inquiétais pour toi. -Pourquoi donc ? -Le temps est chargé d'électricité. L'orage ne va pas tarder à éclater. Ne penses-tu pas qu'il est temps de rentrer ? -Je le pensais. Mais je ne me décide pas encore. Il fait si bon au bord de la mer, malgré le froid cinglant. -Tu pourras y retourner un autre jour Nawel. -Oui, mais je préfère retarder encore un peu sur les lieux. C'est tellement calme, tellement paisible. -À ta guise, mais ne viens pas te plaindre de sinusite ou de migraine. Nawel sourit : -Me suis-je plainte à toi ces derniers temps ? -Non, mais je devinais tes souffrances. -C'est bon, je rentre. Elle raccroche et se lève pour récupérer ses affaires et plier son tapis. À peine avait-elle fait quelques pas en direction de son véhicule qu'elle entendit une voix l'interpeller : -Madame, madame ! Vous avez oublié quelque chose. Elle se retourne et reconnaît l'homme qui se promenait au bord de la mer. Il lui tendit son portable . -Oh ! Comme je suis étourdie. Je l'ai sûrement laissé tomber en secouant le tapis. Merci beaucoup monsieur. -Cela nous arrive à tous d'oublier des choses au bord de la mer. C'est bizarre... Il semble qu'on est bien plus distrait qu'ailleurs. -Peut-être, mais dans mon cas, c'est autre chose qui me perturbe. J'ai des trous de mémoire. Elle s'arrête subitement. Pourquoi racontait-elle tout ça à un étranger ? Elle met son potable dans son sac à main et jette un coup d'œil distrait à l'homme. Il ne devait pas être loin de la cinquantaine, mais portait fort bien son âge. Il était grand, musclé, et seules quelques mèches grisonnantes autour de son visage renseignaient sur son âge. -Nous avons tous des trous de mémoire. -Oui, je le conçois, puisque j'en connais un bout. Elle se remet à marcher : -Merci encore, monsieur. -Il n'y a pas de quoi madame. Elle monte dans sa voiture, démarre, et constate qu'il en avait fait de même. Elle le précède alors vers l'autoroute, et ils roulèrent l'un derrière l'autre un moment avant de se séparer à l'entrée d'une agglomération. Nawel jette un coup d'œil à son rétroviseur central, et constate qu'il avait pris une autre direction. (À suivre) Y. H.