Pour la clôture de ces journées, les intervenants ont débattu sur la place du "Polar dans l'art : cinéma, BD, théâtre, arts plastiques". Une pratique qui reste à "construire" en Algérie. Les 7es Rencontres euro-maghrébines des écrivains, initiées par l'Union européenne en Algérie, se sont tenues les 30 et 31 octobre dernier à la Safex. Pour cette édition, ces journées se sont déroulées en marge du 20e Salon international du livre d'Alger (Sila), où les auteurs se sont réunis pour débattre de la thématique "autour du polar". "Aujourd'hui, le polar a acquis une respectabilité qui le rend accessible à tous les publics, ce qui n'a pas toujours été le cas. Si l'on considère que le rôle du roman est de décrire la société, il faut bien la décrire telle qu'elle est", a souligné, dans sa présentation, Marek Skolil, ambassadeur et chef de délégation de l'Union européenne. Et d'ajouter : "Le polar en est l'exemple concret. Le roman noir trouve son originalité dans ses thèmes autour de ‘la violence, le crime, la passion, la haine et l'amoralité des personnages'". La première journée de cet évènement a tourné autour de : "Le polar : d'un genre mineur à l'archétype ?" et "La vie est-elle un polar ? Crime et vie". Dans la journée de clôture qui a eu lieu avant-hier, les intervenants se sont étalés sur la place du "Polar dans l'art : cinéma, BD, théâtre, arts plastiques". Ce genre littéraire est considéré par Caryl Férey (auteur de Zulu et scénariste), comme une littérature "dont l'actualité touche l'actuel. J'aime le polar politique. Le polar en littérature est de chercher la petite bête". Selon Arezki Metref, critique littéraire et journaliste, le roman policier "n'est pas assez développé en Algérie. La littérature existe, contrairement au polar. La nécessité du polar est de faire avancer des choses politiques, donc le cinéma reste à construire". Sur cette question, M. Boukebba (auteur), a fait savoir que "le polar ne peut pas évoluer dans un Etat non démocrate. Pour le roman policier, il faut une certaine liberté de parole. Cette réalité empêche la liberté d'expression pour l'auteur". Ces interventions sur l'absence de l'univers du thriller en Algérie a fait réagir une personne du public, Nadia Ghanem (chercheure et passionnée de littérature), qui a soutenu que "depuis 1970, j'ai répertorié une quarantaine d'auteurs de polars en Algérie. C'est une édition timide. Les éditeurs n'acceptent pas forcément de publier des romanciers de ce genre littéraire". Pour revenir à la thématique qui portait sur "Le polar dans l'art", Arezki Metref, a précisé que la "migration" (adaptation du polar sur grand écran) est venue "naturellement". "Les premiers films étaient des adaptations. Ça s'est toujours fait. Le film policier s'est créé son propre univers, ses couleurs et scénaristes". Pour le roumain Igor Bergler (réalisateur, scénariste et romancier (il a écrit le best-seller La bible perdue), "il existe une connexion entre le ciné et le polar. Le 7e art a contribué à faire connaître ce genre littéraire". Présent aussi à la conférence, le comédien Hassen Kachach a signalé que "le défi de chaque film est de capter le public, dans le polar aussi c'est la même structure : il commence par l'intrigue". Interrogé sur la violence des films adaptés de polars, Caryl Férey a précisé sur Zulu que "nous ne pouvons pas passer à côté, cela fait partie de notre actualité. Le livre est long et violent, d'ailleurs, pour son adaptation au cinéma, la violence est moins ressentie, c'est plus ‘doux'". Quant à l'adaptation du thriller au théâtre, Metref a indiqué que "le polar c'est aussi une atmosphère et des couleurs. Le théâtre peut transmettre cela, mais il ne peut pas faire passer l'action et les couleurs à part si c'est un polar hanté (conçu sur des dialogues)". H.M.