Les auteurs de la proclamation ont choisi le 1er Novembre, date de célébration du 61e anniversaire du déclenchement de la Révolution algérienne, pour appeler les Algériens à se battre pour "une citoyenneté offrant à notre pays les moyens de faire face aux bouleversements géopolitiques que connaissent l'Afrique du Nord, le Sahel et l'espace méditerranéen". "Le combat du peuple algérien pour sa liberté est indissociable de la construction d'une citoyenneté algérienne, capable de prendre en charge les questions identitaires, culturelles, historiques, cultuelles, économiques et politiques." Ce constat est dressé par un groupe d'intellectuels et d'artistes algériens, dont le linguiste Ramdane Achab, le juriste Tahar Khalfoune, les journalistes Amar Taleb et Hacène Loucif, et le chanteur kabyle Ali Aït Djoudi, dans leur "Manifeste patriotique pour la citoyenneté algérienne" (6 pages), transmis hier à la rédaction. Les auteurs de la proclamation ont choisi le 1er Novembre, date de célébration du 61e anniversaire du déclenchement de la Révolution algérienne, pour appeler les Algériens à se battre pour "une citoyenneté offrant à notre pays les moyens de faire face aux bouleversements géopolitiques que connaissent l'Afrique du Nord, le Sahel et l'espace méditerranéen". Tout en rejetant les "fondamentalismes" et leurs "dérives", dont le fondamentalisme "religieux", le fondamentalisme "ethniciste" et "le séparatisme, qui détourne à son profit le sens du droit des peuples à l'autodétermination", ils relèvent que le peuple algérien est "toujours debout" malgré "les espoirs trahis", "les malheurs subis", "les rêves brisés" et "les stratégies élaborées pour l'aliéner", et en dépit "des autres tentatives". Des tentatives de "destruction" du combat citoyen, faisant siennes "les stratégies de chaos local, pratiquées en Kabylie et à Ghardaïa, l'aqmisation et la daechisation sécuritaires, la corruption institutionnalisée, la dilapidation des richesses du pays" et "la violence érigée en mode d'exercice du pouvoir". Les initiateurs du Manifeste signalent que le pouvoir algérien, formé de "clans mafieux", est, à la fois, "opaque" et "autiste". Aujourd'hui, l'Algérie est confrontée, selon eux, au "cannibalisme clanique" qui se nourrit de "velléités néocoloniales, faisant de notre pays le théâtre d'une guerre géopolitique". Ils ne se font pas d'illusions sur le départ de l'ancien patron du DRS et les changements opérés au sein des services secrets car ces transformations n'auraient pas d'impact sur les "fondements" et "la nature" du pouvoir. Le système algérien, soutiennent-ils, est "antipolitique" et "inapte à toute ouverture sur la société". Ils vont même plus loin, en observant que le mouvement de "structuration" actuel est dicté, "via un agenda régional, par des puissances étrangères, leurs officines et des multinationales". D'après eux, le régime "connaît une mue dangereuse pour le pays" et devant cette situation "périlleuse", le peuple algérien est "capable de faire échec" à de tels desseins. "Être patriote, c'est se battre pacifiquement pour extirper son pays des griffes des supplétifs d'une néo-colonisation menée au nom de l'ultralibéralisme mondialisé", déclarent-ils, en appelant notamment à la réappropriation "des valeurs ancestrales de bravoure, de résistance à l'oppression et de solidarité", à la mobilisation et à la "solidarité citoyenne". Une solidarité "éminemment politique", qui reposerait sur "un traité d'éthique" nécessaire pour l'élaboration d'un "contrat social" permettant de rendre l'Etat à la nation et celle-ci au citoyen. Enfin, les promoteurs du Manifeste invitent les citoyens à soutenir leur initiative, en envoyant leurs signatures à l'adresse suivante : [email protected]. H.A.